À Menton, Exatec Group

À Menton, Exatec Group ressuscite les distributeurs de billets

Depuis 20 ans, l’entreprise azuréenne reconditionne les automates bancaires en fin de vie pour les distribuer dans une centaine de pays. Une activité unique en France.

Secteur bancaire et économie circulaire. Si la rime est évidente, la relation entre les deux entités l’est moins. Sauf à Menton, où elle est même la raison d’être d’Exatec Group. Créée par Thierry Boucard en 2000, cette PME a fait du distributeur de billets sa spécialité. En offrant aux automates voués à la destruction une inespérée deuxième vie. Ailleurs.
"Il y a vingt ans, nous employions le mot recyclage pour qualifier notre activité. C’était le terme de l’époque, mais il n’est plus adapté aux réalités d’aujourd’hui", insiste ce patron visionnaire. "Recycler, c’est démanteler un produit pour construire autre chose à partir de ses déchets. Chez Exatec Group, nous pratiquons le reconditionnement. Nous sommes un acteur du réemploi". Malgré les évolutions sémantiques et sociétales à l’heure du développement durable, le business de l’entreprise n’a que peu changé au fil des années. "Au tout début de l’aventure, nous vendions de la pièce détachée pour la maintenance des automates. Puis nous avons proposé des solutions pour les upgrader et, nos compétences s’élargissant, nous sommes passés à une offre de machines complètes comprenant aussi une branche logicielle".
Un distributeur de billets n’est rien d’autre qu’un ordinateur normé, hyper sécurisé et enfermé dans un coffre-fort avec ses périphériques (lecteur, clavier, imprimante, module de distribution...). Un matériel dont la répartition et la considération sont très inégales sur la planète. Et c’est ce qui alimente les affaires et le militantisme de la société mentonnaise qui, avant de ressusciter des automates en fin de vie, doit d’abord se les procurer. "Pendant quinze ans, nous les avons rachetés lorsque les banques remplaçaient des machines anciennes par des nouvelles. Mais la donne n’est plus la même : les réseaux bancaires ferment des agences et suppriment des distributeurs. Nous savons que certains appareils partent à la destruction alors qu’ils sont neufs et n’ont jamais été utilisés", regrette Thierry Boucard, en dénonçant "la concurrence de la poubelle et des mentalités".

Une dimension citoyenne

Les distributeurs de billets reconditionnés sont exportés DR J.P

Cette "matière première" est sourcée à 70% en France. Mais aucun des automates ayant bénéficié d’une cure de jouvence dans les locaux d’Exatec Group n’est ensuite remis en service dans l’Hexagone. "Le marché français représente 10 à 15% de notre chiffre d’affaires à travers uniquement la fourniture de pièces détachées. Tous nos distributeurs de billets reconditionnés sont exportés". Si l’Europe et le Moyen-Orient agrègent 25 à 30% des ventes conclues dans plus de cent pays, l’Afrique cumule à elle seule 50%. "Le continent est encore sous-équipé et le cash y est beaucoup utilisé. Avec dix fois plus d’automates, le marché ne serait pas saturé".
Traitant avec les banques, des intermédiaires voire des services étatiques, Thierry Boucard voit en l’Afrique le territoire d’un nouvel essor vertueux, via la création, avec des partenaires locaux, de filiales intégrant des showrooms et une offre de services complète. Le projet, retardé par la crise sanitaire, fait partie des objectifs de 2021, une année qui sera à nouveau placée sous le signe de l’engagement. "Nous menons un combat qui consiste à convaincre les banques françaises de ne plus détruire leurs machines. Elles doivent comprendre qu’elles peuvent gagner de l’argent et préserver la planète. L’étape d’après, ce sera qu’elles installent elles aussi des automates refabriqués. Nous y parviendrons".

Pour Exatec Group, la dimension citoyenne de l’activité est érigée au rang de culture d’entreprise. C’est pourquoi ses conteneurs sont parfois mis à la disposition du Rotary pour l’aider à acheminer des fournitures scolaires en Afrique. "Nous sommes attachés aux bonnes pratiques", insiste Thierry Boucard, en évoquant notamment l’embauche des jeunes. "Nous en accueillons actuellement huit en alternance". Un modèle efficace : "Il y a 18 ans, notre directeur général a emprunté cette voie".

Photo de Une : De leur corps de métal à leurs entrailles informatiques, les automates bancaires s’offrent une nouvelle jeunesse entre les mains des techniciens de Thierry Boucard. DR J.P

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