Breuvage amer

Breuvage amer

Cette rentrée est tonitruante. Tandis que nos enfants se passionnent pour la chasse aux Pokémon Go, une nouvelle activité enthousiasme les politiques. En vogue à droite comme à gauche, chez les jeunes ambitieux comme chez les plus aguerris, elle fait fureur surtout chez les ministres tout juste sortis du gouvernement. Le principe n’a rien de sorcier : cracher dans la soupe après avoir servi l’équipe dont vous étiez une des composantes essentielles
depuis deux ou trois ans voire tout un quinquennat.
Attention, pour figurer en finale, il est fondamental d’avoir gardé le silence tout au long de votre mission, ayant expliqué dans les
médias combien vous étiez
heureux d’œuvrer aux côtés du Premier ministre et du chef de l’Etat, ravis même du bilan et des projets conduits, comblés aussi par l’enthousiasme qui règne au sein de l’exécutif…
Votre talent d’acteur, et votre sens du timing, feront le reste. Reniez, mais avec panache ! Désormais en dehors du gouvernement, cultivez votre statut de quasi victime en insistant sur une idée à faire
pleurer dans les chaumières : quand on fait partie d’une équipe, on reste solidaires, ensuite, il est de votre devoir d’éclairer les Français sur le mal qu’on leur fait…
Dans cet exercice, Macron se révèle un redoutable joueur. Fillon n’est pas mal non plus, lui qui critique Sarkozy depuis la défaite de 2012 après s’être roulé par terre pour rester à Matignon…
Sans compter les Bachelot, Wauquiez, Morano, Hirsh, Amara et tous les autres qui firent preuve, eux aussi sans grand complexe, d’une belle incohérence.
Ce breuvage amer est-il encore du goût des Français ? Pas sûr, eux qui réclament davantage de morale, à tout le moins de rectitude. Quand les masques tombent, les électeurs sanctionnent et les politiques finissent par boire la tasse.
Attention à la noyade…

@OBiscaye

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