Nucléaire : aurons-nous

Nucléaire : aurons-nous encore de l’électricité cet hiver ?

La question est certes provocatrice mais la situation difficile : douze des cinquante huit réacteurs français sont à l’arrêt pour cause de maintenance urgente...

Nos vieilles centrales...

Les dix neuf centrales françaises abritant cinquante huit réacteurs ont été mises en service entre les années 1970 et 1980. Elles atteignent la limite des 40 ans pour lesquels elles ont été conçues. Elles totalisent 1 300 ans de marche sans problème majeur (heureusement !). Pour l’instant, le gouvernement et EDF ont juste prévu de repousser la date de péremption...

Des inquiétudes

Dans une interview publiée par Le Figaro du 23 novembre, le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, (ASN) Pierre-Franck Chevet s’inquiète de l’état des générateurs de vapeur de nos centrales. Organisme indépendant, l’ASN a pour mission de "protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires", ce qui passe par l’information.

Les bugs

Les spécialistes de l’ASN ont relevé plusieurs problèmes sur nos centrales. Le plus préoccupant concerne un excès de carbone dans l’acier de douze générateurs de vapeur qui pourrait provoquer des fissures et entrainer des fuites d’éléments radioactifs. On notera le conditionnel employé, mais au nom du principe de précaution... Sont concernées des tranches des centrales de Civaux, Tricastin, Bugey, Dampierre, Gravelines, Fessenheim.

Ça tombe mal...

Surveiller, entretenir, éventuellement modifier ou réparer sont des actions normales de la part d’un industriel "ordinaire". Pour un énergéticien produisant avec le nucléaire, c’est en plus une urgence absolue. Problème : ces réacteurs seront à l’arrêt au pire moment de l’année, alors que la demande en électricité est la plus forte en raison du froid (chauffage)

Redémarrage progressif

L’ASN demande que les générateurs soient rapidement contrôlés.
"Sous réserve de vérifications", huit des douze réacteurs concernés vont pouvoir redémarrer au 31 décembre, après autorisation accordée réacteur par réacteur par l’ASN. Quatre autres réacteurs doivent être mis à l’arrêt par EDF dans le courant du mois de janvier.

La douloureuse

Au final, l’abonné règlera la "petite note" des réparations. Viendra s’ajouter le prix du toilettage des centrales (50 milliards selon EDF, le double pour la Cour des comptes), afin de leur permettre de fonctionner au delà des 40 années pour lesquelles elles ont été conçues.

L’une des moins chères

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a classé la France comme premier exportateur mondial d’électricité...en 2013. L’électricité française étant l’une des moins chères du marché. Mais cette plus haute marche du podium pourrait être difficile à tenir avec presque un tiers des générateurs à l’arrêt...

Import et export

En 2014, la France a produit 75,3 TWh de plus qu’elle n’en a absorbé. Pourtant, nous avons importé cette année-là 27,3 TWh de chez nos voisins lorsqu’ils vendent leur "surplus" à des prix attractifs.

Fournisseurs et clients

En cas de besoin ponctuel, la France pourra acheter de l’électricité à la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie qui sont à la fois des pays fournisseurs et clients. On ne devrait donc pas manquer d’électricité, mais peut être qu’on la paiera plus cher..

Photo de Une : DR

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