Auto : quand le courant

Auto : quand le courant passe

Chacun sait qu’en matière de déplacement il n’y a pas de solution idéale. L’essence et le gasoil qui appartiennent déjà (presque) au passé, comme l’électricité aujourd’hui et peut-être l’hydrogène demain présentent chacun leurs inconvénients du point de vue écologique. Avec soit des rejets importants de CO2 et de particules dans l’atmosphère, soit une pollution qui se trouve déplacée du pot d’échappement de la voiture vers les moyens de production de l’énergie (construction de centrales nucléaires, de panneaux solaires, etc.).
Il nous faut donc composer avec les moins pires des solutions.
Les transports en commun divisent consommation et émission par le nombre de passagers, ce qui les rend plus « propres » par tête de voyageur. Quant aux moteurs électriques, ils ont au moins le mérite de ne plus polluer l’air et d’épargner nos tympans. Mais changer de monture pour embrayer sur les moteurs électriques demande aussi de passer par la case achat. Disons-le tout net : les nouveaux modèles ne sont pas accessibles à tous, sauf ceux de la location « sociale » des petites autos réservées cette année à 25 000 Français à faibles revenus. Car pour une vraie berline de cinq places permettant 500 kilomètres d’autonomie, il faut plutôt envisager de casser un PEL bien garni... La nouvelle Renault 5 E-Tech va néanmoins permettre à la voiture électrique de franchir un cap, une péninsule, puisqu’elle sera proposée dans sa version de base à moins de 25 000 euros. C’est une somme, mais ce modèle néo-rétro n’est finalement pas plus cher que son altière devancière sortie en 1972 et vendue à 5 millions d’exemplaires. Sortons la calculette : à l’époque, il fallait 2 265 heures de travail au smic pour acquérir la R5 basique.
Aujourd’hui, 2 165 heures suffisent, et il faut encore retrancher 4 000 euros de bonus écologique.

Cette nouvelle Renault, qui sera fabriquée à Douai (cocorico !), est donc plus accessible que son aînée, tout en étant plus grande et mieux équipée. Les apparence sont donc trompeuses. Par rapport à 1972, le gain de pouvoir d’achat est évident.
Ce qui a changé par rapport à l’époque, c’est l’environnement économique et de consommation des Français dont le portefeuille est sans doute mieux garni mais aussi davantage sollicité par des dépenses qui n’existaient pas alors : les smartphones, les abonnements de box, streaming et chaînes télé à péage. À cette liste, on pourrait aussi rajouter les tarifs de l’énergie, les taxes et impôts, le prix des locations et de l’immobilier en général, les vacances prises dans les pays lointains, etc...
En fait, un mode de vie nouveau et plus dispendieux qui oblige à quelques sacrifices dans le budget familial. La part du disponible pour la voiture s’en retrouve resserré d’où, peut-être, cette impression de tarifs plus élevés. On ne peut qu’espérer le succès à ce nouveau modèle au Losange, et dans la foulée un effet d’entraînement pour les autres constructeurs français et européens, obligés de se convertir à l’électrique au plus tard en 2035. Car les pendules sont remises à l’heure, et les Chinois déjà prêts à démarrer sur les chapeaux de roue...
Jean-Michel CHEVALIER

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