USA : explosion de (...)

USA : explosion de la paranoïa

Vous avez bouclé le programme de vos vacances estivales ? Très bien. Vous avez vos titres de transport, vos visas éventuels, vos réservations d’hôtel et vos rappels de vaccins ? Parfait. Sous réserve qu’il n’y ait pas d’ici là une grève des cheminots ou des aiguilleurs, sous réserve que le Kilimandjaro n’entre pas en éruption, que votre voyagiste ne fasse pas faillite, que votre petit dernier n’attrape pas la scarlatine et que belle-maman accepte de garder le chien et de nourrir le poisson rouge, vous êtes paré à l’abordage. Il ne restera plus, le moment venu, qu’à boucler les bagages. Ce sera, cette année, l’épreuve la plus délicate. Surtout si vous allez aux Etats-Unis, si vous transitez par ce pays ou si vous volez sur une compagnie américaine pour aller n’importe où ailleurs, au Groenland ou à Tombouctou. Non, non : il ne s’agit pas du poids de vos valises : voilà longtemps que les compagnies aériennes traquent la surcharge pondérale de vos bagages, histoire de faire un peu de gras sur vos excédents. Vous y êtes habitué et vous ne trimballez plus le Larousse en douze volumes pour faire vos mots croisés. Vous savez également qu’il faut renoncer à votre terrine de foie gras et votre motte de roquefort – impedimenta non grata aux States. Mais désormais, la liste des restrictions s’allonge pour le contenu de vos bagages à main, qui doivent être scrupuleusement dépourvus de tout objet potentiellement dangereux. On s’étonne que la Bible soit encore tolérée – car la Parole est une arme, comme chacun sait.

Maintenant que vous ne pouvez plus faire un pas sans votre iPhone, votre iPad, votre iWatch, votre iBrosse-à-dents et toutes sortes de iMachins non encore répertoriés, vous allez devoir faire preuve d’une grande vigilance à l’approche des portiques de sécurité. Tous ces appareils devront être chargés et en état de marche. Faute de quoi seront-ils impitoyablement confisqués et réduits en cendres. Et pour peu que vous soyez titulaire d’un compte à la BNP, vous risquez Guantanamo jusqu’à la fin des temps. S’agit-il d’une nouvelle crise de paranoïa de l’Oncle Sam ? Que nenni. C’est une mesure de prudence élémentaire, qui vous obligera à consacrer à la fouille plus de temps qu’à faire le tour du monde. Car voyez-vous, les terroristes-artificiers sont de vrais artistes, et auraient conçu des bombinettes de la taille d’une batterie d’appareil domestique. Suffisamment puissantes pour disloquer une carlingue pressurisée – donc vulnérable au moindre pet de coccinelle. Heureusement, les appareils électriques sont exempts de la ségrégation : madame pourra conserver son sèche-cheveux dans son sac à main, et monsieur son rasoir électrique dans sa poche-révolver. Quant aux protestations à l’égard de l’inquisition des Douanes, mieux vaut les conserver sous le boisseau : les gabelous yankees ont la réputation justifiée d’être de mauvais coucheurs.

La recette du jour

Farce douanière

Vous êtes d’un naturel pacifique et arrangeant. Mais la paranoïa des douanes américaines finit par vous taper sur les nerfs. Pour votre prochain voyage aux States, prévoyez de remplacer la batterie de votre téléphone par une tranche de fromage-qui-pue. Par prudence, laissez à vos proches votre numéro de boîte postale à Guantanamo.

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