Union européenne : le (...)

Union européenne : le moteur franco-allemand va t-il réussir à redémarrer ?

Paris et Berlin ont affiché une entente quasi parfaite à Bruxelles sur la nouvelle impulsion à donner à l’UE. Si l’opération de communication était parfaite, le chantier demeure immense

Relancer la machine...

Après Robert Schuman et Konrad Adenauer, Helmut Schmidt et Valéry
Giscard d’Estaing, Helmut Kohl et François Mitterrand, le tandem constitué par Angela Merkel et Emmanuel Macron réussira t-il à donner une nouvelle impulsion à l’Europe menacée par le précédent du Brexit et par les populismes ? Le nouveau couple franco-allemand affiche en tous cas sa volonté de relancer la machine.

Une "opportunité"

Le nouveau président français a participé pour la première fois au Conseil européen, réuni la semaine dernière à Bruxelles.
Lors de son "grand oral" devant les 27 autres partenaires, il a confirmé la dimension "européenne" qu’il entendait donner à son mandat. Pour lui, l’Union est une opportunité et une chance pour les pays du vieux continent. Il n’en fera pas comme d’autres le bouc-émissaire des problèmes économiques et sociaux.

Message consensuel

La croissance économique étant de retour dans la zone UE, le moment est propice pour le moteur franco-allemand. Alors que François Hollande a tenté - sans succès - de convaincre Berlin de réviser les traités, Emmanuel Macron a parlé de "pacte de confiance" avec notre principal partenaire. Le message politique est fort, il marque une rupture avec les quinquennats précédents.
Une direction qui est appréciée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et par les grands pays du continent.

Le cas des migrants

Même si la crise migratoire est toujours prégnante, avec son lot de drames humains, elle ne constitue pas une pierre d’achoppement entre
la France et l’Allemagne comme cela est toujours le cas avec le Royaume Uni (Calais), avec l’Italie et la Grèce qui sont "aux premières loges" ou avec la Hongrie, hostile à tout accueil au point d’ériger un mur de barbelés à sa frontière.

Propositions communes

La confiance mutuelle - au moins apparente - entre la chancelière allemande et le président français leur a permis d’arriver à Bruxelles avec un socle de positions communes, ce qui n’était plus arrivé depuis le milieu des années 90. En accord sur le cap à suivre, les deux pays veulent pédaler de concert et entraîner derrière eux les autres partenaires.

Le grand marché divise encore

Mais des divergences de fond demeurent : Macron n’a pas réussi à convaincre sa partenaire sur les relations commerciales ("l’Europe n’est pas un supermarché") ni sur les investissements chinois dans l’UE que Paris voudrait voir mieux contrôlés.

Pierres d’achoppement

Si la mise en scène du rapprochement franco-allemand a été habilement
scénarisée à l’occasion de ce Conseil, si des sujets sont "raccord" comme la défense européenne à renforcer, des ornières guettent cependant les partenaires : le statut des travailleurs détachés que Paris voudrait revoir contrairement à d’autres pays comme la Roumanie et la Pologne, principaux "exportateurs". Mais aussi le déficit des comptes publics - un sujet sur lequel la chancelière manque de souplesse, ne cessant de réclamer à Paris des efforts qui tardent à venir depuis la présidence Sarkozy, ou encore la réforme du marché du travail, ultra sensible et qui va très vite revenir dans l’agenda politique en France.

Conseil des ministres conjoints

Quelles que soient les divergences, politiques ou d’intérêt, la France
et l’Allemagne sont décidées à s’imposer au volant de l’institution. Pour preuve, un premier Conseil des ministres conjoint qui se déroulera
à Paris le 13 juillet avec à l’ordre du jour - est-ce un hasard ? - défense européenne, sécurité aux frontières, éducation...
Il restera ensuite à convaincre les autres partenaires et ce ne sera pas forcément a piece of cake.

Photos de Une DR

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