Fleurs d'artifice au (...)

Fleurs d’artifice au Musée des Beaux-Arts de Nice

La Biennale de Nice 2022 : onze expositions et des centaines d’événements liés à la fleur déployés dans tous les musées de la ville. Parmi ces lieux, le Musée des Beaux-Arts présente un parcours d’une centaine d’œuvres allant de la période du XIVe au XXe siècle mettant en valeur la diversité de la symbolique des fleurs dans l’histoire de l’art. (Jusqu’au 30 octobre).

Comme le titre est bien trouvé !

Tout, sauf un alignement ennuyeux de bouquets que ce "Fleurs d’artifice". Représentations de bouquets idéaux, disposés en majesté - limite prétentieux - où souvent les fleurs de toutes les saisons se trouvent miraculeusement réunies dans un même vase de bronze richement orné. Fleurs artificielles figées pour la postérité, pour que nous puissions les admirer et les questionner : peintes dans leur naturel jusque dans leur préciosité.
Dans un grand et sombre tableau du XIXe siècle de Joseph Villeclère, des marguerites jonchent le sol au pied de la jeune femme d’Attila, mort assassiné au lendemain de son mariage. Symboles d’innocence et de droiture, elles gisent effeuillées, suggérant un drame qui la rend coupable. Ainsi la fleur est bien davantage que ce qu’elle paraît, se trouvant comme par hasard au centre des passions humaines.
Qu’elles soient discrètes ou pas, comme celle que tient l’ange de l’Annonciation à la Vierge, elles sont toujours théâtralisées.
Semblant se trouver là par hasard quand, bien au contraire, elles ont leur rôle à jouer dans la mise en scène, un rôle souvent crucial pour la compréhension du spectateur, même si elles ne font que célébrer le printemps, ou signifier que le sujet principal, un portrait, fut peint au mois de mai, par exemple.

Dans un superbe tableau de Joseph Villeclère, on découvre Attila retrouvé mort au lendemain de son mariage ©ML

Patte de velours...

Un portrait de Marie Laurencin ©ML

"Je ne suis pas uniquement décorative dans mon pot" : souvent trop belles pour être vraies, elles ne servent pas de simple alibi au beau. Attention mortels, je figure dans la foire aux vanités, sujets battus et rebattus des peintres flamands du XVIIe…Mais la peinture de choses, d’objets, que l’on nomme mal à propos "natures mortes" est un genre à part entière dès cette époque.
Lilas, roses, tulipes, oeillets... s’épanouissent dans de spectaculaires compositions sur arrières-plans vaporeux, voici la fleur dans toute sa splendeur d’artifice.
Opulence contre modestie, presque timidité chez Jan Bruegel le jeune dit "de velours", un des nombreux représentant de cette impressionnante
dynastie. Il les peint comme un orfèvre. Un peu plus loin on s’arrêtera longuement devant une peinture impressionniste de Blanche Augustine Camus, représentant une jeune femme cousant dans son jardin et la lumière de midi. Devant cette profusion, et après avoir passé en revue tous ces bouquets peints par des artistes plus ou moins connus, on s’accroche aux
repères rassurants d’une composition de chrysanthèmes sur fond noir de Raoul Dufy, au portrait d’une jeune femme à la chevelure ornée et fleurie de Marie Laurencin, aux si fraîches et lumineuses peintures de Jules Chéret, et aux effrayantes aquarelles de Gustave-Adolphe Mossa et sa Dalila à la tête couronnée d’anémones rouge sang.

Photo de Une : nature morte ou pas ! ©ML

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