Max Bauer : « La culture

Max Bauer : « La culture de l’oignon en voie de disparition »

Passerelle gourmande entre notre histoire et notre présent, la Foire à l’ail, à l’oignon et au boudin, ce dimanche 27 août, invite à se réunir autour de 3 spécialités phares du Midi : l’ail, ingrédient typique de la cuisine provençale, l’oignon doux de La Garde et le boudin, l’une des plus anciennes charcuteries.

Cette année, la Foire à l’ail, à l’oignon et boudin fête ses 144 ans. D’animations en découvertes, de démonstrations en dégustations, c’était le moment de savourer cette journée festive qui célébrait les richesses d’un terroir, ses traditions et ses savoir-faire.

Ainsi chaque année, le dernier dimanche d’août, au rythme des instruments, des chants et farandoles provençales, des milliers de visiteurs touristes et locaux, découvrent les stands de produits locaux et régionaux. Toutes les saveurs et les couleurs de la Provence sont réunies sur la place et autour de l’église, où une belle messe est célébrée en l’honneur du moine Saint-Maur à l’origine de cette foire (lire notre encadré).

Ancienne foire à bestiaux, elle permettait aux agriculteurs de vendre leur production de fruits, de légumes et les animaux, en particulier les cochons, et le célèbre oignon doux de La Garde. Sa conservation étant limitée dans le temps (août-novembre), le charcutier du village fabriquait le fameux boudin aux oignons un peu plus tôt dans la saison.

COMBIEN DE PRODUCTEURS DANS LE VAR ?

« Mais, à travers la production de cet oignon, ne devons-nous pas, nous poser les bonnes questions pour notre avenir. Nous sommes à un tournant de notre société où nous risquons de perdre nos cultures, nos valeurs, notre patrimoine, les richesses de la France, créées par des hommes et des femmes du monde agricole, à l’origine de nombreuses fêtes et traditions.

Posons-nous la question ? Combien de producteurs se consacrent à la culture de l’oignon autour de La Garde, combien de surfaces ? Afin que celui-ci soit mis à l’honneur durant encore de nombreuses années. Un exemple criant : Nous sommes passés de 51 à 13 rosiéristes varois entre 2013 et 2023, soit une baisse de 75% », constate, désolé, Max Bauer, président de la Coordination Rurale du Var et de PACA !

Le président d’Allo Agri ajoute : « On peut y voir le changement d’exploiter puisque les agriculteurs ont dû s’adapter aux évolutions pour subsister, en perdant progressivement leur indépendance, leur liberté, voire la maîtrise de leur production avec plus de contraintes. Ne sommes-nous pas coupables en partie ? Nous, les agriculteurs d’avoir laissé la main aux pseudos experts agricoles, politiques, journalistiques, qui pour la plupart n’ont jamais mis les pieds dans une exploitation, éloignés de toutes les réalités du bons sens paysan ».

UNE PRODUCTION DE L’OIGNON DELOCALISEE EN CHINE !

Le syndicaliste reprend : « Ces normes environnementales sont bien souvent votées et mises en place par des bureaucrates éloignés du terrain ou ne côtoyant pas la nature. Même, si notre poids électoral est faible, il faut rapidement qu’au niveau national, les politiques et les têtes pensantes arrêtent les incantations, les beaux discours, et procèdent aux réformes courageuses, indispensables, de façon à nous redonner de la compétitivité, à relocaliser et à redévelopper les productions perdues afin de rétablir notre souveraineté alimentaire. L’agriculture est l’une des professions qui a le plus évolué ces vingt dernières années, à l’exemple de notre viticulture dans le Var, signe que les agriculteurs ne sont pas dogmatiquement opposés à l’évolution des pratiques, mais trouvent fortement injustes les distorsions de concurrence dans l’UE et les autres pays du monde. Ainsi, les producteurs de la Chine, l’Inde et les États-Unis totalisent à eux seuls près de la moitié de la production mondiale de l’oignon ».

« Dimanche en venant très nombreux, comme chaque année, les visiteurs ont eu une pensée pour nos agriculteurs, des hommes et des femmes fiers de leur métier qui souhaitent transmettre leur savoir, pour créer des vocations, des installations, faire perdurer les productions locales et donc nos traditions. A chacun sa part de responsabilité, éveillons nos consciences ! A nos enfants et petits-enfants, allons-nous simplement leur laisser de belles photos et de beaux films, mais ils leur manqueront les parfums les saveurs, le goût de l’Ail de l’Oignon doux et du Boudin », conclut Max Bauer.

Photo PRESSE AGENCE.

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