Saint-Martin-Vésubie (...)

Saint-Martin-Vésubie désormais tournée vers son avenir

Dévasté, traumatisé, endeuillé, Saint-Martin-Vésubie a connu "un état de guerre". Ce sont les mots de son maire, Ivan Mottet, qui a dû faire face à une situation "apocalyptique" au lendemain du déluge. Meurtri, isolé, le village s’est retrouvé privé de tout. Sauf de solidarité. "Elle a été exceptionnelle", insiste l’élu, au moment d’évoquer le bilan de la tempête et l’avenir de sa commune.

Quels sont les dégâts de la tempête Alex sur le bâti et les routes dans votre commune ?

- Il sont énormes. 98 maisons ont été emportées et 50 se trouvent dans une situation problématique, souvent au bord de précipices créés par la crue qui dépassent parfois 30 mètres de hauteur. Une grande partie est sans doute vouée à disparaître. Il y a aussi le cas du petit immeuble L’Écureuil, qui compte 25 logements près du pont détruit au niveau de l’ancienne station-service. Nous ne savons pas s’il pourra subsister. Les expertises et les contre-expertises se déroulent, j’espère qu’elles permettront de le conserver. Nous souhaitons retrouver rapidement des terrains pour construire, car parmi les familles qui ont tout perdu et qui ont dû quitter la commune, beaucoup souhaitent y revenir. J’ai actuellement une quarantaine de demandes en ce sens. Au plan routier, nous avons perdu 2 ponts et plus de 10 kilomètres de routes principales, ce qui a entrainé un énorme chantier autour de Saint-Martin dès que l’eau et l’électricité ont pu être rétablies. Un pont métallique provisoire est posé à la sortie du village et un ouvrage permet de traverser le Boréon en lieu et place du pont Maïssa, à l’embranchement vers la Colmiane. Entre les deux, la RM 2 565 est à nouveau praticable et sera goudronnée.

Êtes-vous en mesure de chiffrer le coût des dégâts à Saint-Martin-Vésubie ?

- Je pense qu’il va avoisiner le milliard d’euros. Les travaux réalisés et en cours représentent déjà 350 millions d’euros.

Comment jugez-vous vos relations avec les collectivités et l’ État ?

- L’action du Département, de la Région et de la Métropole a été formidable, je pèse le mot. Concernant l’État, point d’interrogation. Le président Macron, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur sont venus, ils ont survolé le village. Ils nous ont promis une aide importante, mais pour le moment, je n’ai encore rien vu venir.

La RM 2 565 est à nouveau praticable à la sortie du village, où un pont provisoire est installé. (DR Métropole NCA)

Quel a été le contenu du premier conseil municipal post-tempête ?

- Il nous a permis de faire une mise au point. On nous avait reproché dans la presse de ne pas suffisamment informer la population. C’était volontaire, car il était trop tôt pour avoir des réponses fiables à nos questions. Par exemple, les glissements de terrain n’étaient d’abord pas pris en compte par les assurances et il a fallu attendre que ce soit le cas après une décision en conseil des ministres. Sur plusieurs sujets, le gouvernement ne parvenait pas à nous donner de réponses rapides en raison du caractère inédit de la catastrophe, ce qui a compliqué notre communication.
Ce conseil municipal a aussi été l’occasion d’aborder la révision du PLU métropolitain, qui va permettre de rouvrir des zones à l’urbanisation, mais aussi le relogement des habitants ou encore le problème de la ZAC.

Que savez-vous sur la révision du PLUM ?

- Il devrait faire l’objet d’une procédure accélérée par la Métropole, ce qui permettrait de l’obtenir en un peu plus d’un an.

Où est prévue la future urbanisation ?

- Les documents d’urbanisme prévoient toujours des zones destinées à devenir constructibles dans le futur. C’est ce qu’avait fait la précédente municipalité. Deux secteurs sont concernés : en dessous du Touron, en allant sur Nantelle, où il y a de très beaux terrains plats éloignés de la rivière, et au-dessus du village, mais la zone n’est pas encore définie. Ma vision : ne pas construire des maisons isolées, mais des hameaux, comme ça se faisait dans le temps. Cette solution de densification serait moins coûteuse et plus avantageuse en matière d’assainissement. Enfin, pour éviter une flambée des prix du foncier, alors que des spéculations sont déjà en cours, nous prévoyons de racheter ces terrains au préalable pour les revendre au tarif normal de l’urbanisation à Saint-Martin.

Quand les sites du Boréon et de la Madone de Fenestre seront-ils accessibles ?

- On pourra sans doute remonter au Boréon dès l’été prochain, une piste a déjà été réalisée aux abords du cours d’eau, notamment pour permettre les travaux de curage du lac. Pour l’accès à la Madone de Fenestre, qui est plus encaissé, ce sera plus long et plus compliqué.

Quid de la station d’épuration et des équipements sportifs emportés ?

- Une station provisoire est en service en dessous du village. C’est là que sera installé le futur équipement. Concernant le stade de football, mon idée serait de le reconstruire au même endroit. L’enjeu en termes de sécurité n’est pas le même que pour des habitations. Nous disposons d’énormément d’alluvions, il serait donc aisé de surélever le terrain. Avec cette même logique, nous pourrions aussi créer des parkings.

Le cimetière ? La gendarmerie ?

- Un nouveau cimetière pourrait être localisé à côté de l’ancien, qui n’a pas bougé. Nous étudions en outre avec la Gendarmerie nationale les éventuels lieux où rebâtir la brigade, car il n’est pas question qu’elle quitte Saint-Martin. Quant aux pompiers, ils seront sans doute
réinstallés dans le quartier de la gare.

Où installer les entreprises ?

- Le projet de zone artisanale, sur le site des anciennes colonies, se fera. C’est certain. Nous allons réaliser l’assainissement pour qu’elle accueille au plus vite les entreprises. Ce sujet est vital pour la commune.

Propos recueillis par Jean Prève

Photo de Une : Ivan Mottet, maire de Saint-Martin-Vésubie. (DR Mairie de Saint Martin-Vésubie)

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