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Experts-comptables : comment convaincre la relève

La 5e soirée de l’expertise comptable, organisée par l’ESCG Nice en partenariat avec le Conseil de l’ordre des experts-comptables (CROEC) PACA, a eu lieu le jeudi 2 décembre à l’Allianz Riviera.

Les experts-comptables ont besoin de renforts. Et vite. "Il faut savoir que l’on est dans un contexte de pénurie totale", a prévenu Gilles Samama, fondateur et président de l’ESCG (École supérieure de comptabilité et de gestion) Paris/Nice.

"On fait partie des métiers les plus en pénurie. Les experts-comptables ne sont que 18 800 environ, ce qui n’est pas beaucoup". Vincent Guida, président de la Commission Attractivité du CROEC PACA, s’est lui référé à "une étude assez récente (qui) montre qu’en 2025 il faudra créer 30 000 emplois" dans ce secteur. "La pénurie est nationale, il y a des besoins partout", a complété Gilles Samama. "Tous les cabinets de France manquent de collaborateurs. En plus, la moyenne d’âge est très élevée. Elle est de 50 ou 51 ans. Cela signifie que pour ceux qui entrent dans ce métier, il y aura des perspectives d’association, de rachat de cabinet", a-t-il souligné quelques minutes avant une conférence consacrée à l’expert-comptable 3.0.

De nombreux jeunes mais aussi des professionnels - une centaine était attendue - étaient présents à cette soirée organisée avec la participation de l’ANECS (Association nationale des experts-comptables et commissaires aux comptes stagiaires), représentée par Jérémy Lacombe, et du CJEC (Club des jeunes experts-comptables), représenté par son président Alexandre Hini.

"Salaires largement réajustés"

Pour Gilles Samama, l’événement avait un double objectif : "faire connaître l’ESCG Nice" et "promouvoir la profession d’expert-comptable commissaire aux comptes, qui est une profession délaissée par les jeunes qui en ont une image rétrograde".
"Clairement les jeunes se détournent", a insisté Nathalie Lapierre, présidente de la Commission administrative des Alpes-Maritimes de l’Ordre des experts-comptables. "On a vécu un peu ce qu’avait vécu la restauration à un moment donné : de mauvais salaires et de mauvaises conditions de travail. Quand tu fais 60 heures payées au Smic cela ne fait rêver personne", a-t-elle assuré. "Les salaires ont été largement réajustés", a rassuré Gilles Samama. "On démarrait à peine au-dessus du Smic de l’époque. Aujourd’hui, un jeune qui démarre son stage en Ile-de-France démarre à 34 000/36 000 euros bruts annuels. À Nice, c’est autour de 28 000/30 000" et le salaire "évolue de façon beaucoup plus rapide qu’à notre époque". Vincent Guida estime que les experts-comptables ont le vent en poupe car "on a pu voir l’utilité des experts-comptables" pendant la crise sanitaire. "Qui a mis en application les textes sur les aides et qui a été le relais auprès des entreprises ? L’expert-comptable. Il y a la prise de conscience de la part des experts-comptables qu’il fallait bouger les choses. Nous sommes nous-mêmes des chefs d’entreprise, on s’intéresse à de nouveaux sujets comme le management, le bien-être au travail, la communication".

"Profondément humains"

L’importante - et indispensable - revalorisation salariale n’est donc pas le seul facteur à rendre la profession aujourd’hui attractive. "C’est une profession extrêmement riche. L’expertise-comptable ne se résume plus à la comptabilité mais à plein d’autres domaines. Et nous avons des outils informatiques qui nous permettent, pour la partie la plus rébarbative du métier, d’aller beaucoup plus vite, d’automatiser", a souligné Gilles Samama.
Pendant la conférence, Nathalie Lapierre a parlé d’un expert-comptable "augmenté". "C’est quelqu’un qui va utiliser des outils innovants et qui va aussi soigner son image. Il va être dans la communication, beaucoup plus que nous, et dans la stratégie. Et surtout, on va avoir des outils qui vont faire la tenue comptable et on va pouvoir s’orienter vers le conseil et le suivi du chef d’entreprise. C’est pour cela qu’on l’appelle l’expert-comptable augmenté. Grâce aux outils innovants, nous allons rester profondément
humains
".

Photo de Une : De gauche à droite : Alexandre Hini, Jérémy Lacombe, Gilles Samama, Nathalie Lapierre et Vincent Guida. DR S.G

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