Collections célèbres (...)

Collections célèbres : Pour « vivre l’art »

À une époque où la photographie n’était pas encore vraiment... développée, les gravures, estampes, dessins, aquarelles, eaux fortes et autres peintures permettaient de présenter au public qui ne voyageait pas – l’immense majorité des gens – les grands personnages, les beautés de la nature et de l’architecture. Ces différentes techniques furent beaucoup utilisées aux XVIIIe et XIXe siècles. Les plus belles représentations sont dues à des artistes que les familles aisées se mirent à collectionner. Elles constituent aujourd’hui un imagier inestimable.

À Nice, le musée des Beaux-Arts Jules Chéret, le Palais Lascaris, le musée Masséna et la bibliothèque de Cessole présentent « Vivre pour l’art. Les collections Trachel et Rothschild ».


Une exposition qui met en lumière les œuvres offertes à la Ville par deux familles. Ils firent preuve de générosité puisque leurs donations, réalisées entre 1888 et 1912, totalisent plus de mille sept cents œuvres, dont les « images » évoquées ci-dessus et des objets archéologiques, du mobilier, des céramiques et textiles. Elles constituent le cœur des collections des musées de Nice. Les trois lieux d’exposition en présentent un « best of » qui permet de se replonger à l’époque des hivernants aussi cultivés que fortunés qui venaient sur la Côte d’Azur pour y passer la mauvaise saison.
Dessins à la mine de plomb mis en couleurs, aquarelles, peintures... : Hercule Trachel (1820 - 1872) laissa quantité de paysages croqués pendant des voyages que l’on ne qualifiait pas encore de « touristiques » mais que se devaient d’accomplir les humanistes en Europe pour leur formation. Il dessina sur le site et réalisa ensuite d’après ses croquis des œuvres d’une grande qualité artistique à défaut d’être des représentations réalistes. Il aimait laisser vagabonder son imagination et il a souvent représenté les paysages de façon « idéale ». On lui doit un nombre impressionnant de vues du Comté de Nice.

Pêcheurs sur la Promenade des Anglais, par Antoine Trachel (1828 - 1903). ©JMC

La naissance des musées

Son frère Antoine Trachel (1828 - 1903) fut un artisan d’art. Formé à l’ébénisterie, à la miroiterie, à la dorure, à la sculpture, il réalisa des lavis et des aquarelles sur le motif dans la région et quantité de portraits. Il fit aussi des dessins d’actualité, comme les cérémonies qui marquèrent l’annexion à la France.
On n’oubliera pas Charlotte de Rothschild (1825 - 1899), appartenant à la branche française qui créa la banque éponyme, qui fut essentiellement aquarelliste et collectionna les tableaux de la Renaissance italienne. Elle donna ses travaux à seize musées français, dont celui du Musée des Beaux-Arts de Nice, qui reçut aussi 750 estampes de la collection Trachel. Ce mécénat par « décentralisation » a doté les villes d’un fonds de collection autour duquel elles purent développer leurs musées municipaux à partir de la fin du XIXe siècle. Cela permit à la majorité de ces œuvres fragiles de venir jusqu’à nous dans de bonnes conditions de conservation. Et de nous émerveiller, sans retenue.

Jusqu’au 20 mai 2024.

Visuel de Une (détail) : Le « Clos Monsieur » par Auguste Prévot-Valéri (1857 - 1930), don de la famille de Rothschild. (photo ©JMC)

deconnecte