Big Brother est dans votre frigo et vous ne le savez pas...


Economie


2 mars 2017

Les Experts, Castle et le commissaire Maigret n’ont plus aucun mérite aujourd’hui à résoudre des énigmes policières. Plutôt que de faire appel à leur flair, il leur suffit de savoir pianoter sur un ordinateur afin de passer au scanner la vie privée de leurs suspects. Comme vous n’avez aucune intention d’assassiner votre prochain, vous vous sentez à l’abri de ce Big Brother qui, chaque jour, vient un peu plus nous espionner à l’insu de notre plein gré. Erreur !

Le diable est aussi dans votre réfrigérateur, dans votre machine à café, votre chauffage et j’en oublie...Le responsable scientifique de Scotland Yard, Mark Stokes, ne cache pas que les microprocesseurs équipant les appareils électroménagers enregistrent les faits et gestes de leurs utilisateurs. Autrement dit, quand vous prélevez un yaourt dans le compartiment fromage de votre appareil, vous laissez derrière vous des "empreintes numériques" (heure d’ouverture de la porte, température, etc.) qui vont ensuite permettre de contrôler un alibi, de vérifier la cohérence d’un témoignage.
Science fiction ? Que nenni ! En Arkansas, à la suite d’un meurtre, la justice a demandé à Amazon de livrer les enregistrements stockés sur son serveur car un objet connecté - en l’occurrence un assistant personnel - était allumé au moment du crime. Il aurait donc pu enregistrer et même filmer la scène. Amazon refuse, au nom de la protection de la vie privée, de répondre aux enquêteurs, mais l’on peut imaginer sans peine le jour où ce verrou vertueux sautera, y compris pour de bonnes raisons...
Apple, par exemple, au nom du même principe de confidentialité, a refusé de révéler le contenu crypté d’un iPhone appartenant à l’un des auteurs de l’attentat de San Bernardino en Californie (14 morts le 2 décembre 2015). Le FBI aurait réussi à craquer le portable, ce que la firme de Sacramento n’a pas voulu reconnaître.
Les objets toujours connectés - smartphones, compteurs électriques, etc. - posent des problèmes de Droit, de morale, de liberté, que l’on pressent déjà, sans encore apporter de réponses satisfaisante.
Après l’intervention du policier scientifique de Scotland Yard, j’ai donc décidé, par mesure de prudence, de débrancher ma brosse à dents et mon sèche cheveux électriques. Je n’ai aucune intention de me livrer à des actes délictueux. Mais, par égard pour mon entourage, je préfère garder pour moi mes secrets de salle de bain...


Jean-Michel Chevalier