Halte aux discriminations selon les origines : les entreprises s’engagent


Economie


15 mars 2017

Les entreprises pour la cité, l’AFMD et le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social se sont réunis le mardi 14 mars dans le cadre d’une conférence portant sur l’égalité d’accès à l’emploi des candidats, quelles que soient leurs origines, afin de conclure un pacte en faveur de la lutte contre les discriminations à l’embauche selon les origines.

Début décembre 2016, les résultats d’une enquête DARES-ISM Corum mettaient en avant le risque de discrimination à l’embauche qu’encourent les candidats dont les noms sont à consonance maghrébine. Pour une douzaine d’entreprises, le testing initié par le ministère du Travail faisait apparaitre un risque élevé de discrimination dans le traitement des candidatures.

À l’issue du dévoilement des résultats, les entreprises testées ont été invitées à produire des plans de prévention de la lutte contre les discriminations lors du recrutement, soumis à l’évaluation de l’agence Vigeo Eiris, acteur de référence de la notation en matière de responsabilité sociétale. A cette heure, sur les quarante entreprises testées, l’agence Vigeo Eiris conclut que deux entreprises n’ont pas établi de plan d’action suffisant. Il s’agit des entreprises AccorHotels et Courtepaille.

La situation de ces deux entreprises est particulièrement préoccupante. D’une part parce que le testing a clairement conclu à un risque élevé de discriminations. D’autre part, parce qu’elles ne sont pas parvenues, malgré de multiples relances, à produire un plan d’action satisfaisant pour remédier à leur situation.

Face à cette situation pointée par l’évaluation du cabinet Vigeo Eiris, la Ministre du Travail a décidé de porter leur cas à l’attention du Défenseur des Droits. Ce dernier pourra, avec les pouvoirs qui sont les siens, examiner la situation de ces entreprises de manière approfondie et en tirer les conséquences qui s’imposent.

Si dans les jours ou les semaines qui suivent, ces entreprises produisent des éléments nouveaux attestant d’un changement de comportement, la Ministre a indiqué qu’elle le ferait savoir publiquement.

En outre, la rencontre d’aujourd’hui a permis à de nombreuses entreprises d’échanger sur les bonnes pratiques en matière de recrutement et d’afficher leur volontarisme en s’engageant solennellement auprès du ministère du Travail par la signature d’un pacte pour le respect de pratiques non-discriminantes dans les procédures de recrutement.

Ce pacte, conclu entre la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, et les entreprises, et dont l’application sera garantie par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle, engage à ce jour plus d’une vingtaine de premiers signataires (liste des signataires du 14 mars 2017 en annexe). Il est ouvert à la signature de toute entreprise qui souhaitera le rejoindre ultérieurement.

La Ministre a également annoncé avoir proposé au Défenseur des Droits de conclure une convention destinée à systématiser les testings sur un rythme annuel. Un prochain testing est déjà programmé et sera cette fois étendu à 100 entreprises.

Myriam El Khomri a déclaré à cette occasion : «  Le pacte signé aujourd’hui doit résonner comme un signal fort envoyé aux citoyens, car en matière de lutte contre les discriminations la mobilisation ne doit pas relever de la seule puissance publique mais concerner tous les acteurs. Il est essentiel que le monde de l’entreprise agisse à son niveau et assume pleinement ses responsabilités sociales. Garantir à chacun de disposer des mêmes chances, c’est une condition pour que vive le sentiment d’appartenance à une même communauté de destin. Je me réjouis que cette initiative, légitimement offensive, contribue à éveiller toutes les consciences et engage les entreprises vis-à-vis de ceux qui en constituent le capital humain. Les discriminations sont une faute morale et une absurdité économique, contre lesquelles nous devons tous lutter, pied à pied. »


Valérie Noriega