Le méchant loup, le renard et les petits lapins...


Economie


4 mai 2017

Il était une fois une tribu de petits lapins qui vivaient heureux dans leur clairière. Pleine de fleurs et d’herbe grasse, avec un petit ruisseau en lisière de forêt : le cadre était idéal. Au fil des années, la colonie s’était tellement développée qu’il fallut créer beaucoup de terriers sociaux pour loger tout ce beau petit monde aux grandes oreilles.

Oh, un cadre de vie si propice n’était pas arrivé de lui-même. Avant la génération présente - si nombreuse qu’elle s’inquiétait pour la quantité de nourriture disponible que lui disputaient d’autres herbivores venus des prairies voisines - les lapins d’avant ont travaillé dur. Ils ont creusé leurs galeries, aménagé leurs jardins. À deux reprises au siècle précédent, des ouvertures de la chasse furent sanglantes et beaucoup furent transformés en civets et pâtés sans autre forme de procès.
La paix revenue, le temps fit son œuvre et, retrouvant un nouvel appétit de la vie, la colonie a continué à se développer, encore plus vite qu’avant, organisant même une entraide pour les individus malades et âgés.
Lorsqu’il eut trois poils à la barbichette, un lapereau plutôt dégourdi a décidé d’aller courir le vaste monde. Il a rencontré d’autres lapins avec lesquels il s’est mis en affaires. Ce ne fut pas toujours facile. Mais, ayant réussi à convaincre les colonies voisines, ils construisirent ensemble un grand marché commun de la carotte, oubliant les rivalités du passé, s’apportant mutuellement richesses, force et assistance.
Son frère, d’une nature plus timide, avait lui décidé de passer sa vie dans sa prairie. Il ne voulait surtout pas avoir de relations avec les lapins voisins, qu’il considérait comme des concurrents. Il passa le plus clair de son temps à surveiller sa clôture, son pré, ses salades, dans la crainte permanente d’intrusions. C’est vrai que ces lapins de la colonie d’à-côté étaient différents, avec leur drôle d’accent et leur pelage plus sombre. Ils avaient pourtant les mêmes préoccupations, le même souci de nourrir et d’élever leurs enfants.
Les deux frères se retrouvèrent un jour d’élections "terriertoriales" à la mairie. Ils n’avaient, bien sûr, pas le même bulletin de vote à la patte. Le premier a préféré voter pour un candidat malin comme le renard. Le second, ayant écouté des discours effrayants sur le grand méchant loup, a préféré donner sa voix au candidat lapin annonçant être capable tout seul avec ses petits muscles de faire barrage à tous les prédateurs qui guettent la colonie.
La suite de cette aimable fable au prochain numéro...


Jean-Michel Chevalier