Le matin où vous apprenez que vous êtes un assassin...


Economie


8 juin 2017

La politique est loin d’être un long fleuve tranquille. Ceux qui s’y engagent le savent, sans même pouvoir imaginer le degré de violence qu’ils devront un jour peut-être affronter. Mais quand la vie publique se transforme en marigot, elle fait vivre l’enfer à ceux que l’actualité place à tort ou à raison sous le feu des projecteurs.

Ces dernières semaines, François Fillon et Richard Ferrand en font la cruelle expérience. Ils ont subi des attaques d’autant plus féroces qu’elles ne se sont pas concentrées sur les idées qu’ils défendent mais sur des aspects de leur vie privée.
Que l’épouse de l’un ait été ou pas son assistante parlementaire, que celle de l’autre ait profité à l’insu de son plein gré de la position de son mari pour la location d’un local commercial, ceci aurait pu être considéré comme une petite faute excusable il y a vingt ans. À cette époque, l’opinion publique acceptait encore que l’on cache sous le tapis quelques vilenies réelles ou supposées.
Mais aujourd’hui, à l’heure du tweet assassin, du Facebook retors, de l’info en boucle à la télé, du brouhaha de la surmédiatisation et des réseaux (a)sociaux, l’ombre du doute se transforme assez vite en venin mortel.
Médisez, médisez, il en restera toujours quelque chose !
Quelle que soient leur responsabilité dans ces affaires, il faut du cran à Fillon et Ferrand pour s’accrocher dans un contexte aussi hostile. Car les coups bas distribués avec générosité cachent forcément des arrières pensées politiques que les cabinets, gris ou noirs, alimentent en douce.
On nous rétorquera que personne n’est obligé de s’engager. Et que si l’on prend la responsabilité de gérer le pays, il convient d’être aussi pur et transparent qu’un torrent de montagne. Soit !
Mais en m’installant à mon clavier, je pense toujours à Dominique Baudis, alors maire de Toulouse, qui découvrit un matin de 2003 au
petit-déjeuner à la première page de son journal qu’il était accusé de "proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie". Un tissu de mensonges, évidemment, qui lui fit avaler son croissant de travers, mais surtout gâcha sa vie et sa réputation d’honnête homme pendant de longs mois.
L’air de la calomnie est aujourd’hui rebaptisé Fake news.
En démocratie, si l’opinion publique est libre, il appartient aux tribunaux de dire le droit et de sanctionner les péchés, véniels ou capitaux. Et, in fine, aux électeurs de trancher en leur âme conscience.


Jean-Michel Chevalier