La Soirée anniversaire du

La Soirée anniversaire du 70e Festival de Cannes

C’est entouré de ses amis que le Festival de Cannes a célébré hier soir son 70e anniversaire, non une cérémonie, plus une occasion de parler de cinéma, de l’histoire du cinéma, de celle du Festival, avec des réalisateurs de toutes les générations, des actrices, des acteurs... Plus tôt dans la journée, un photocall exceptionnel avait réuni plus d’une centaine d’artistes pour la photo de famille : Palmes d’or, lauréats, Présidents et membres des jurys…

A 19h30, le rideau de scène du Grand Théâtre Lumière s’est levé sur un premier montage chroniquant Les grandes ouvertures du Festival de Cannes avant que Thierry Frémaux ne souhaite la bienvenue aux invités, parmi lesquels : Pedro Almodóvar, Andrea Arnold, Jane Campion, Alfonso Cuarón, Guillermo Del Toro, Matteo Garrone, Michael Haneke, Alejandro Iñárritu, Ken Loach, George Miller, Nicolas Winding Refn, Jia Zhangke, Claude Lelouch…
Quelqu’un semblait manquer à l’appel… Isabelle Huppert ? Elle était en coulisse et s’avance sur scène pour prendre la parole après la projection d’un film retraçant son immense carrière.

« Ce soir, nous célébrons ensemble 70 années de mariage entre Cannes et le cinéma… Pour Jean Cocteau qui présida le Jury en 1953, le Festival n’avait de sens véritable que s’il était “une rencontre des esprits et des cœurs”. Et c’est peut-être ça le secret d’un mariage qui dure, le secret de 70 ans d’histoire d’amour, la rencontre des esprits et des cœurs. »

L’actrice, qui préside la soirée aux côtés de Thierry Frémaux, lance alors le second montage thématique de l’histoire du Festival, sur les femmes. Car force est d’admettre, introduit-elle, qu’année après année, le Festival a su mettre en valeur des portraits, des histoires et des points de vue de femmes.
D’autres films de montages viennent rythmer la célébration de souvenirs et d’émotions : celui sur les Palmes d’or et celui sur les grandes remises de prix, bien sûr, mais aussi celui sur les scandales, et même sur l’enfance, car Thierry Frémaux le rappelle : « Nous, les passionnés de cinéma, aussi bien ceux qui le fabriquent que ceux qui le célèbrent, nous avons refusé de grandir. Parce que le cinéma c’est aussi ça, continuer à émerveiller l’enfant qui sommeille en nous... »

Isabelle Huppert - Soirée 70e Anniversaire © Valery Hache / AFP

D’autres discours également, et après celui du Président du Festival, Pierre Lescure, c’est au tour de Paolo Sorrentino, puis du réalisateur mexicain Guillermo Del Toro, l’un des membres les plus influents de la nouvelle vague du cinéma mexicain qui triomphe dans le monde entier, de venir porter sur scène un discours de tolérance. « Aujourd’hui, dans le monde de post-vérité dans lequel nous vivons, nous devons évoquer les monstres. Mesurer ceux avec lesquels nous vivons. Trouver de l’empathie à nouveau. Pardonner nos pêchés et imperfections et nous rebeller contre ceux qui prétendent que c’est de « l’autre » dont nous devons nous méfier. De ceux qui nous disent qu’il y a « nous » et « eux », que nous devons rejeter, et qui diabolisent tout ce qui diffère de la norme.  »

Côté musique, deux live pour célébrer les bandes originales des films marquants de l’histoire du Festival et rythmer la soirée.

Le premier interprété par Camélia Jordana et Babx en hommage à La Leçon de Piano, Orfeu Negro et Un homme et une femme. Le second par Vianney, accompagné de Manu Katché et Laurent Vernerey réinterprétant Pulp Fiction, Une si longue absence, Youth, Sailor et Lula, We Own the Night, Moulin Rouge.

La soirée touche à sa fin, ou presque.

Reste à entendre la voix profonde et engagée de Vincent Lindon. L’acteur français lauréat du Prix d’interprétation masculine en 2015 pour La Loi du marché s’appuyant sur les paroles de Vaclav Havel, Albert Camus et André Bazin lance un appel à la profession, à ceux qui, plus que d’autres, ont ce pouvoir de changer le monde.

« Nous fêtons les 70 ans du gardien d’une intégrité exigeante sans lequel le cinéma mondial ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Grâce à cette obstination, Cannes s’est imposé comme le plus grand festival de cinéma du monde. Chacun de nous peut changer le monde, je suis de ceux qui pensent qu’un grand metteur en scène a ce pouvoir, que les actrices et les acteurs ont le devoir d’être choisis par les meilleurs, ceux qui portent en eux un univers immense et singulier, ceux qui n’hésitent pas à s’opposer aux idées reçues, qui cherchent à dire et à montrer plutôt qu’à plaire.  »
« Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s’accorde à nos désirs »

Avant de se séparer, la grande famille du cinéma s’est réunie une nouvelle fois autour du Festival sur la scène du Grand Théâtre Lumière pour lui chanter "Joyeux anniversaire / Happy Birthday". Au premier rang, l’un de ses fils prodigues, Jean-Pierre Léaud

Photo de Une : © Valery Hache / AFP

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