Découvrez les enseignement

Découvrez les enseignements cachés de votre bilan !

Tous les ans, les TPE et les PME clôturent leurs comptes annuels, le plus souvent en mai pour celles dont l’exercice social se termine au 31 décembre. Bertrand Gagneux, associé Absoluce, explique les enseignements qu’un chef d’entreprise peut en tirer pour la bonne marche de son entreprise.

Le bilan est traditionnellement l’occasion, pour les dirigeants, de faire le point avec leur expert-comptable.
Pour que l’analyse soit intéressante, elle ne doit pas se limiter à la validation du résultat, que tout dirigeant doit connaître, si tant est qu’il suit correctement son activité, à peu de choses près, dès le 31 décembre. En revanche, il n’a pas toujours les bons réflexes qui lui permettraient d’améliorer encore sa performance ou la qualité de sa gestion.

Améliorer ses outils de pilotage et sa structure financière

Contrairement au tableau de bord que le dirigeant consulte tous les mois, le bilan apporte de précieuses informations financières détaillées, un état des lieux approfondi.

Le terme approprié « Comptes annuels » comprend le bilan, le compte de résultat et les annexes. Ils sont déposés au greffe du tribunal, et sont donc accessibles à des tiers. Même si, désormais, sous certaines conditions de taille (total du bilan inférieur à 350 000 euros, chiffre d’affaires inférieur à 700 000 euros et 10 salariés maximum), certaines entreprises peuvent demander à ce que leurs comptes ne soient pas rendus publics.

La première information est le compte de résultat, qui reprend l’ensemble des flux de l’exercice. Le dirigeant peut vérifier que les informations de gestion dont il a disposé tout au long de l’année sont fiables, et que le résultat, positif ou négatif, correspond à ce qu’il avait anticipé. C’est l’occasion de réajuster si nécessaire le prévisionnel qui a dû être fait en début de période, ou d’affiner les données du tableau de bord mensuel.

La structure financière de l’entreprise, qui est peu considérée durant l’année, permet de faire le point sur des ratios très importants. Le plus intéressant est sans nul doute le taux d’endettement par rapport aux capitaux investis. L’endettement est le marqueur de la fragilité d’une entreprise. Plus elle est endettée, plus elle est fragile. A l’inverse, plus l’endettement est faible, plus le ratio est petit, plus on parle d’indépendance financière. C’est la première chose que regarde un banquier en corrélation avec la capacité de la société à générer du cash.

Analyser son BFR pour s’assurer des moyens de sa croissance

Pour mémoire, le besoin en fonds de roulement est principalement égal aux stocks + créances (clients et autres) - dettes non financières. La valeur des stocks, ce que les clients doivent, ce que l’entreprise doit aux fournisseurs, sont des sommes qui sont indisponibles. Cet argent est généré par l’exploitation mais n’est pas encore rentré en trésorerie. Toutefois, ce n’est pas tant le BFR que son évolution qui est importante. En considérant la valeur des créances clients et du stock, face à celle des dettes fournisseurs, on voit l’évolution du BFR. On touche là le point essentiel de l’entreprise : le financement de la croissance.

En effet, dans la pratique, il est courant que les entreprises en croissance souffrent du manque de trésorerie. Elles sur-stockent pour être certaines de ne manquer de rien pour fabriquer ; comme l’activité est forte, la relance des factures clients est négligée, par voie de conséquence les créances clients augmentent. Il faut savoir que le BFR augmente plus vite que l’activité. Non maîtrisée, l’évolution du BFR est souvent génératrice de difficultés de trésorerie à très court terme. L’étude du bilan est le meilleur moment pour faire le point sur ce besoin en fonds de roulement.

En regardant l’indépendance financière de l’entreprise et l’évolution du BFR, le dirigeant, accompagné par son expert-comptable, peut mesurer le niveau de risque de l’entreprise.

Anticiper l’image que l’on veut diffuser aux tiers

Ces éléments seront analysés par les tiers - clients, fournisseurs, banques, entreprises publiques et privées auxquelles le dirigeant soumet un appel d’offre, etc. Dans la mesure du possible, il est donc souhaitable de les avoir en tête pour actionner, avant le 31 décembre (ou autre date de clôture), les leviers qui permettent d’améliorer la situation. Encaisser un chèque le 3 janvier plutôt que le 30 décembre peut paraître un détail, et pourtant l’image du bilan en sera modifiée. Toujours avec l’exemple d’une clôture en fin d’année, le dirigeant oublie qu’au 31 décembre, il définit l’image de son entreprise de juin n+1 à juin n+2, soit pour une durée d’un an et demi. C’est long...

Analyser sa situation par rapport aux tiers

Si son bilan est important pour soi et les autres, le bilan des tiers est tout aussi intéressant pour l’entreprise. En récupérant le bilan de ses principaux concurrents, le dirigeant pourra comparer sa structure financière, la formation du résultat avec le chiffre d’affaires, le taux de marge, les ratios intéressants. Si les concurrents ne sont pas significatifs, il pourra réclamer à son expert-comptable les chiffres-clés de son secteur.

Cet entretien peut aussi être le bon moment pour étudier les bilans de ses clients et de ses fournisseurs. Un fournisseur qui vend à l’entreprise une matière première essentielle et dont la fragilité ressort du bilan la met en danger. Il reviendra au dirigeant, par exemple, de diversifier son approvisionnement.

Vérifier dans les annexes sa capacité de rembourser les dettes

Certaines annexes sont très importantes par les indications qu’elles donnent. Par exemple, on y trouve la part du chiffre d’affaires réalisé à l’exportation. Autre exemple : y figure le détail des dettes financières par échéance : celles qui sont dues dans l’année à venir, celles dues entre deux et cinq ans, et celles dues au-delà. Les plus importantes sont les dettes courantes, c’est-à-dire dues dans l’année. Il s’agit de vérifier la capacité de l’entreprise de générer suffisamment de trésorerie pour rembourser ses emprunts. Sa capacité d’autofinancement - le résultat d’exploitation + les dotations aux amortissements - doit être évidemment supérieure au montant desdits emprunts.

Il peut également se présenter le cas d’investissements financés par des emprunts trop courts. Quand les difficultés financières pointent le bout de leur nez, c’est beaucoup plus difficile de réagir. C’est réellement au moment du bilan que tous ces points peuvent être étudiés et anticipés, pour, par exemple, renégocier la durée d’un emprunt.


Les comptes annuels ne sont pas une formalité, c’est réellement l’occasion de prendre de la hauteur, de considérer objectivement la situation de son entreprise, d’étudier des ratios dont on ne se préoccupe généralement pas durant l’année, et d’anticiper les bonnes décisions de gestion.

Photo de Une illustration : le bilan, des données à exploiter pour profiter d’un outil de gestion trop souvent sous utilisé !

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