Jusqu’à -25% de chiffre d’affaires pour l’hôtellerie

L’attentat du 14 juillet a détourné une partie de la clientèle. Mais la concurrence de Airbnb, les grèves et les images d’une France en crise ont aussi dissuadé la clientèle étrangère.

Quelles sont les tendances de cette saison particulière, marquée par l’attentat du 14 juillet ?
Il n’y a pas encore de bilan, c’est trop tôt, car le mois de septembre fait partie intégrante de la saison. C’est pour nous une période intéressante car il y a toujours beaucoup de vacanciers et parce c’est déjà la reprise de l’activité liée aux entreprises avec les séminaires. Ce qui se dessine pour la saison, c’est un excellent démarrage en mai, un mois de juin exceptionnel et un début juillet correct. Ensuite, il y a eu des annulations, mais c’est surtout le mois d’août qui s’est avéré difficile.

Le contre-coup de l’attentat ?
Oui et non. On s’attendait comme chaque année à un départ délicat : il y avait en juin 38% de réservations pour août, soit le même niveau que les années précédentes. La difficulté, c’est qu’il y a beaucoup de "last minute". La manière de voyager à changé, depuis quatre ou cinq ans les gens se décident à la dernière minute, soit pour bénéficier d’un tarif promo, soit pour la météo. Cet été, nous n’avons pas eu cette clientèle sur Nice qui est évidemment la destination la plus impactée par l’attentat. On peut s’attendre à -10% de taux d’occupation en août, mais à - 25% en chiffre d’affaires.

N’y a-t-il pas eu un trou d’air juste après le 14 juillet ?
Très variable d’un établissement à un autre, d’un quartier à un autre. Mais, non, il n’y a pas eu un tassement énorme juste après l’attentat. Le problème, c’est surtout août.

Les autres villes littorales ont-elles souffert ?
Saint-Jean Cap Ferrat et Antibes ont fait une très belle saison, Cannes un peu moins car la clientèle du Moyen Orient n’est pas venue.
Paris a marqué le pas. La destination France est-elle en danger ?
Les attentats ne sont pas les seuls responsables. Avant tout, c’est l’image de la France à l’étranger qui s’est fortement dégradée. Les grèves, les voitures incendiées, le racket des touristes asiatiques à leur arrivée à l’aéroport de Paris, etc : tout cela est terrible pour notre réputation. Les images tournent en boucle sur les chaînes de télé à l’étranger, l’effet est catastrophique. Et le fait que l’on se répande partout sur le thème "nous sommes en guerre" fait que les compagnies d’assurance américaines n’assurent plus les voyages sur la France... Les Asiatiques nous ont désertés. Leur trajet habituel c’est Milan, Londres, Paris et Nice. Le fait d’occulter Paris a fait disparaître Nice de leur circuit en Europe...

Et la concurrence de sites tel AirBnB ?
Airbnb et Abritel nous font très mal. Ils représentent
630 000 chambres en France, l’hôtellerie 650 000... Ces sites se sont vraiment développé, on l’avait déjà vu au moment du festival de Cannes.
Nous avons à faire face à cette concurrence qui n’est pas loyale.

Mais comment lutter contre ce phénomène de société ?
Airbnb est maintenant valorisée à 63 milliards de dollars ! Elle a des moyens dont nous ne disposons pas, elle fait des campagnes de pub énorme. Cela fait partie de l’ubérisation de la société. Nous ne sommes pas opposés à ce qu’une mamie loue une chambre si elle en a besoin pour compléter sa retraite. Mais nous sommes contre ces gens qui font du business en louant des dizaines d’appartements. Ce n’est plus de l’économie collaborative. Il faut appliquer à Airbnb et aux autres sites les mêmes normes imposées aux hôteliers, les mêmes taxes, à commencer par la TVA... A Barcelone, la Ville a édicté des règles pour Airbnb, avec des sanctions allant jusqu’à 30 000 euros en cas de non-respect. C’est ce que l’on demande ici.

Beaucoup d’hôtels sont à transmettre dans les AM. Trouvent-ils des repreneurs ?
C’est surtout difficile sur le moyen et haut pays car l’activité est saisonnière. Des aides sont mises en place avec la CCI, mais il y a peu de demandes. En haute montagne, on a un domaine skiable magnifique, les infrastructures sont au top (routes, remontées, etc). Mais il reste encore la problématique de l’après-ski : une personne sur deux en station ne skie pas. Il faut pouvoir l’occuper agréablement, nous avons une réflexion à mener.

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