Maître Gérard De Gubernatis

Maître Gérard De Gubernatis : disparition d’un homme de conviction

Le bâtonnier Gérard de Gubernatis a été enlevé à l’affection des siens la semaine der- nière à l’âge de 90 ans. Avec lui, c’est l’une des grandes voix du bar- reau de Nice qui vient de se taire. Une voix, bien sûr, mais aussi un caractère bien trempé. Celui d’un homme qui n’a jamais rien sacrifié de ses convictions, celui d’un avocat qui a toujours défendu sans jamais concéder ni faiblir.

Dans la cathédrale Sainte Réparate comble, le monde du Droit s’était rassemblé ce lundi autour des proches et de la société civile niçoise pour lui rendre un ultime hommage. « Il aura incarné, non plus la fonction, mais la dignité de bâtonnier de l’Ordre » résumera dans son éloge funèbre Maître Frédéric Hentz qui s’est fait en ces tristes circonstances un des porte-parole de ses confrères après l’intervention de Maître Philippe Randon, bâtonnier de Nice.

Elevé dans la foi catholique dont il resta très imprégné, lui même fils d’avocat, le défunt suivra les cours de l’Institut d’études juridiques de Nice et s’inscrira au barreau en 1948. Commence alors une longue carrière qui le verra plaider devant toutes les juridictions, avec cette érudition et ce verbe précis, « cette course au mot juste, au mot rare, celui qui exprime la clarté de la pensée ». Il plaidera notamment pour les victimes de la caravelle Nice – Ajaccio, mais aussi devant la Cour de Sûreté de l’Etat pour des membres de l’OAS qui avaient perpétré un attentat contre le général de Gaulle en mitraillant sa voiture au Petit-Clamart.

Pour ses confrères, ses nombreux engagements feront de lui « l’avocat des avocats ». Il sera tour à tour secrétaire de la Conférence du stage, militera très tôt à l’UJA et à la CNA, deviendra prési- dent de la FNUJA. Parmi ses diverses responsa- bilités, il s’investira dans la mutuelle des avocats, sera réélu sans discontinuer au conseil de l’Ordre à partir de 1980, deviendra vice-président de la Conférence des bâtonniers.

Dans sa vie civile, Maître de Gubernatis se sera aussi beaucoup engagé, sans chercher à se proté- ger des critiques. Il accepta ainsi de devenir, en 1944, le délégué à la jeunesse alors qu’il était bien évident que la « restauration nationale » conduite par le vainqueur de Verdun était une cause perdue. Il fut aussi, à cette même époque, pompier volontaire, ce qui demandait du courage et le mépris du danger pour aller secourir sous les bombardements. Plus tard, cette personnalité paradoxale issue d’une vieille famille deviendra président du Rotary de Nice, s’engagera en po- litique jusqu’à être conseiller municipal d’oppo- sition (FN) lors des deux mandatures de Maître Jacques Peyrat (1995 à 2008).

Dans ses engagements, le défunt aura toujours cultivé avec délectation « le plaisir de déplaire » selon la formule de Maître Hentz. Ne craignant pas d’être à contre-courant, son charisme naturel en a fait un exemple pour de nombreux confrères du barreau de Nice. « Tout avocat ici présent aura le cœur serré avec moi. Car chaque avocat qui l’a un jour sollicité a bénéficié de cette affection dont il gratifiait les membres de son barreau  ». Il n’est pas de plus bel hommage qui puisse être rendu à un bâtonnier par ses pairs.

Notre journal présente ses sincères condoléances à la famille, aux proches et à toutes les personnes touchées par ce deuil.

Photo : DR

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