Réforme de la justice (...)

Réforme de la justice : la ministre reste droite dans ses bottes

Les professionnels du Droit qui ont pris le temps dimanche d’écouter l’émission "Questions politiques" sur France Inter sont sans doute restés un peu sur leur faim. Invitée par la station de service public et par Le Monde, la Garde des Sceaux s’est exprimée sur son projet pour une justice "plus simple, plus efficace et plus accessible". Mais sans évoquer directement la colère des "blouses noires", ni celle des autres métiers de son ministère, Magistrats et Greffiers en tête, qui pourtant multiplient depuis plusieurs semaines les actions (défilés, lettres ouvertes, procès renvoyés...) pour attirer l’attention de la Chancellerie sur les insuffisances du projet de réforme.
Il est vrai que les journalistes présents ne lui ont pas posé de question directe sur cette actualité pourtant brûlante. Nicole Belloubet a donc passé un grand oral, dissertant sur d’autres sujets d’actualité. En voici le "best of".

- Réforme de la Justice : "Nous proposons la numérisation des procédures. Il faut les simplifier. Par exemple, quand un citoyen veut aller devant un tribunal civil, il y a cinq manières pour présenter son dossier. On veut ramener à une pour la clarté. (...) "Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir dialoguer. Je discute beaucoup avec les avocats, leurs représentants nationaux, et avec les Barreaux locaux. Quand on parle, les points de désaccord s’amenuisent. C’est une réforme très technique, il faut expliquer, et il y a plus d’accord que les désaccords bruyants qui s’expriment. On a déjà beaucoup dialogué, ce sera le rôle du débat parlementaire".

- Fin des jurys populaires ? : "Des sondages montrent que la justice est trop obscure, trop lente. On propose donc d’expérimenter pendant trois ans dans dix tribunaux départementaux pour des crimes passibles de 20 ans. Cela permettra des jugements plus rapides. Au delà, on laisse la Cour d’assises".

-  Prisons : "Les conditions de détention ne sont pas toujours dignes. Comment résoudre ce problème ? En reconstruisant une politique pénale pour remettre les choses en état de fonctionnement. On veut des peines adaptées aux condamnés, et qu’elles soient exécutées quand elles sont prononcées. Aujourd’hui, le système d’aménagement fait que des gens condamnés à 18 mois ne vont pas en prison".

- Antisémitisme : À la suite du manifeste dénonçant un nouvel antisémitisme "à bas bruit", la ministre a estimé qu’il y a là "un danger sur lequel on doit être vigilant. Il faut prendre conscience de cette violence réelle". Elle a rappelé le plan lancé par le Premier ministre pour lutter contre la haine sur les réseaux sociaux. "La France par construction est pays de mixité, de cohésion. Il y a effectivement des risques de guerre des communautés. La marche blanche (organisée après l’assassinat d’une vieille dame ndlr) c’était la nation rassemblée".

-  Universités : Nicole Belloubet estime que les étudiants opposés à Parcours Sup font une "résistance abusive (...) Le texte adopté par le parlement répond à des dysfonctionnements majeurs. (...) Je suis professeur d’université. Des jeunes s’inscrivent en Droit et découragés quittent l’université. Si on laisse s’inscrire tout le monde, c’est une forme d’hypocrisie. Vaut mieux dire la vérité aux jeunes : c’est ce que propose parcours sup. Je comprends les difficultés de mise en œuvre, cela peut générer des inquiétudes sur lesquelles viennent se greffer des motifs politiques avec des activistes extrémistes".

(L’émission est podcastable en intégralité sur le site de France Inter).

Photo de Une : Nicole Belloubet (DR JMC)

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