Les bâtonniers de Nice et

Les bâtonniers de Nice et Grasse mobilisés après des critiques contre des avocats

Face à des attaques jugées graves et injustifiées visant la profession d’avocat, les bâtonniers de Nice et Grasse, Maîtres Emmanuel Brancaleoni et Franck Gambini, dénoncent des accusations infondées et appellent à recentrer le débat sur les véritables défis de la justice : son manque de moyens.

Une réaction unanime face aux critiques

Me Emmanuel Brancaleoni
lors des vœux à la presse
du barreau de Nice, le 16 janvier.
(©Barreau de Nice)

Me Emmanuel Brancaleoni et Me Franck Gambini ont récemment confirmé, localement, les prises de position des instances nationales, notamment celle de la Conférence des bâtonniers qui a vivement réagi après « les attaques graves et injustifiées portées à l’encontre de la profession d’avocat lors de certaines rentrées solennelles et sorties médiatiques ».

Des propos malvenus et stigmatisants

Dans son discours, prononcé avec sérieux et gravité, lors des vœux du barreau de Nice le 16 janvier, Maître Brancaleoni  a évoqué « les attaques récentes dirigées par de hauts magistrats à l’endroit de notre profession », estimant qu’elles sont «  tout autant insupportables qu’inquiétantes ». « L’indépendance c’est refuser cette pédagogie du renoncement qui laisse à croire que le problème de la justice viendrait de certains avocats alors que le problème de la justice, ce sont les moyens de la justice », a-t-il appuyé.

Me Franck Gambini,
avant l’audience d’installation
du tribunal judiciaire de Grasse
en septembre 2024. (©S.G)

Maître Gambini a de son côté confié aux Petites Affiches qu’il y avait là « un sujet ». Il a assisté à la rentrée solennelle d’Aix-en-Provence et reconnaît que « les avocats ont été stigmatisés, même si le premier président de la cour d’appel et le procureur général ont pris des gants pour le faire en indiquant que ces critiques ne concernaient qu’une minorité d’avocats, en dehors de notre ressort. Mais cela a quand même été dit, c’était malvenu ». Il a précisé que si un avocat commettait des manœuvres frauduleuses, il devait être sanctionné et poursuivi devant le conseil régional de discipline (CRD). Le bâtonnier de Grasse estime que « ces accusations qui remettent en question notre rôle d’avocat ne sont pas acceptables. Nos missions doivent être respectées et ne peuvent être discréditées par des propos qui détournent l’attention des véritables problèmes de la justice qui manque cruellement de moyens ».

« Ni souffre-douleurs ni boucs émissaires »

Dans un communiqué du 16 janvier intitulé « Avocats : ni souffre-douleurs ni boucs émissaires d’une justice toujours en souffrance  », la Conférence des bâtonniers assure que «  ces prises de parole lors d’audiences publiques de rentrée confèrent à des situations marginales et discutables un caractère général en jetant l’opprobre sur une profession rendue responsable des dysfonctionnements de l’institution ». Le Conseil national des barreaux (CNB) a dénoncé «  des attaques inacceptables à l’encontre de la profession d’avocat » et pris une résolution le 17 janvier invitant «  tous les bâtonniers de chaque ressort à solliciter un entretien avec leurs chefs de juridiction et leurs chefs de Cour pour s’assurer du respect institutionnel du rôle de l’avocat et des droits de la défense »

La FNUJA s’indigne de dérapages

La Fédération nationale des unions des jeunes avocats (FNUJA) s’indigne de « ces dérapages », citant dans un communiqué du 15 janvier des propos du procureur général d’Aix-en-Provence et du procureur général de Grenoble : « Le 13 janvier 2025, le procureur général d’Aix-en-Provence a soutenu que ‘l’argent de la drogue corrompe parfois les pratiques professionnelles’ de certains avocats, qui utilisent ‘les voies de droit au mépris des principes de loyauté‘ avec des nullités ‘créées’ et ‘fabriquées’ de toutes pièces. Le lendemain, le procureur général de Grenoble prenait le relais en évoquant l’augmentation de la ‘compromission’ des avocats ». La FNUJA assure que « ces propos s’inscrivent dans la continuité de ceux tenus par le garde des Sceaux quelques jours plus tôt, jetant le discrédit dans la défense pénale  ».



Les bâtonniers de Nice et Grasse dénoncent des accusations qu’ils jugent disproportionnées et appellent à respecter la profession d’avocat. Ces attaques, en masquant les véritables défis de la justice, risquent de fragiliser un pilier essentiel de l’État de droit.


Photos de Une : Me Emmanuel Brancaleoni lors des vœux à la presse du barreau de Nice, le 16 janvier.
(©Barreau de Nice) et Me Franck Gambini, avant l’audience d’installation du tribunal judiciaire de Grasse en septembre 2024. (©S.G)