Procès de l'attentat (…)

Procès de l’attentat du 14 juillet : les temps forts

"J’ai vu tout de suite que c’était un attentat"

Franck Terrier, souvent présenté comme "l’homme au scooter", est venu témoigner à la barre mardi après-midi. Il est revenu sur son intervention et sur sa volonté d’arrêter le camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. "Ce soir-là, on voulait aller manger une glace avec mon épouse. Je vois un camion me doubler par la droite. Après avoir déposé ma femme, je décide de poursuivre le camion. Je suis en scooter. Je réussis à jeter mon scooter sous le camion. J’arrive à accéder à la cabine et je me bats avec le terroriste", a-t-il réussi à expliquer à la cour malgré une grande nervosité apparente. Il a répété plusieurs fois que l’auteur des faits "visait le maximum de personnes". "J’ai vu tout de suite que c’était un attentat terroriste. Il était déterminé à écraser le maximum de personnes. J’étais déterminé à l’arrêter, il fallait absolument que je fasse quelque chose". "Au risque de votre vie ?", lui demande-t-on alors. "Au risque de ma vie". Franck Terrier a également confié que cela avait été "très compliqué" pour lui d’un point de vue psychologique les années qui ont suivi. "J’ai fait un syndrome crépusculaire. Je rejetais ce que j’avais fait. En 2019, j’ai tenté de mettre fin à mes jours et j’ai été interné pendant deux mois en hôpital psychiatrique. C’est toujours compliqué de prendre la Promenade des Anglais, raconte-t-il encore. Cela m’a marqué à vie. J’aurais voulu intervenir avant. J’ai beaucoup culpabilisé, je culpabilise encore aujourd’hui".
Appelé à témoigner juste après lui, Alexandre Nigues, qui a également cherché à arrêter le camion en courant à côté, a confié à la cour que cette soirée "avait gâché sa vie, son mariage. Je suis devenu imbuvable, je ne supporte quasiment rien".

La sécurité le soir de l’attentat évoquée par la Cour

Le président de la cour d’assises spéciale Laurent Raviot a décidé jeudi 8 septembre d’aborder la question des conditions de sécurité sur la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet 2016, qui fait l’objet d’une instruction en cours. "J’ai bien conscience que ce n’est pas l’objet de ce procès, je sais que cela fait l’objet d’une information judiciaire distincte, mais c’est important. Mon objectif, c’est de savoir les conditions de sécurité ce soir-là", a-t-il déclaré avant de préciser : "Je ne veux mettre en cause quiconque". Ses propos ont notamment été rapportés par la journaliste de Nice-Matin Stéphanie Gasiglia, présente à Paris, dans l’édition du 9 septembre du quotidien régional.
Pour le Bâtonnier du Barreau de Nice, Me Adrien Verrier, "il est essentiel que le président donne l’image d’une cour d’assises qui ne cache rien, qui est dans la transparence totale et c’est vrai que la question de la sécurité peut, dans certains de ses aspects, revêtir une importance pour la compréhension du procès. Cela étant, spécifiquement, sur des éventuels manques qui pourraient être reprochés aux uns et aux autres, il est clair que le président ne rentrera pas là-dedans. Le procès dans le procès n’est jamais bon. Le temps de l’instruction est en cours, il y aura peut-être le temps du procès, peut-être pas. Mais en tout cas, il était important que le président désamorce la question, ne cache rien, soit totalement transparent, pour peut-être mieux juger le fond du dossier."

Photo de Une : la salle de retransmission à Nice © S.G