AG et Salon des Maires

AG et Salon des Maires 06 : le préfet a fait passer ses messages et tenté d’apaiser la colère des maires

De l’avis général, ce premier Salon des maires, élus locaux et décideurs publics des Alpes Maritimes le 22 septembre, co-organisé par la société AP Média, a été une vraie réussite. À la fois par le cadre - le centre Expo-Congrès de Mandelieu-la-Napoule était parfaitement adapté - et par la participation de plus de 70 exposants venus des Alpes Maritimes, mais aussi de toute la France pour certains.
Débats très politiques le matin, plus techniques dans l’après-midi : la journée fut l’occasion pour les participants d’échanger sur les sujets et problèmes du moments et de nouer des contacts avec de nouveaux partenaires potentiels.
À la fin de la manifestation, le président des maires du 06, Honoré Colomas pouvait se réjouir de ce succès et déjà annoncer la reconduction de cette initiative l’année prochaine.

Économies forcées pour les collectivités locales, contrats aidés, réforme de la taxe d’habitation...

L’actualité nationale a dicté l’ordre du jour de l’Assemblée Générale des maires du 06, toujours très remontés après les annonces des intentions gouvernementales.

Dans ce contexte assez volcanique, le préfet Georges-François Leclerc est venu devant les élus azuréens pour tenter d’éteindre, sinon un incendie ravageur, du moins un ras-le-bol et une incompréhension de plus en plus manifestes.

Sécurité : ne pas s’éparpiller
"Dans les moments de crise, le couple formé par le maire et le préfet doit rester solidaire" a estimé en préambule le représentant de l’État, citant en exemple le "sang froid extraordinaire" du maire de Grasse, Jérôme Viaud, lors de la fusillade du Lycée Tocqueville. "En matière de sécurité, les dispositions prises ont prouvé leur efficacité. Mais l’on doit rester humbles et vigilants, et ne pas baisser la garde, car la menace est toujours présente. Pour que notre département continue à se développer, nous devons maintenant dépasser le souvenir de la tragédie du 14 juillet".
Il a cependant appelé les maires à ne pas multiplier les événements festifs, culturels et sportifs pour ne pas éparpiller les forces de l’ordre sur le terrain.
Incendies, inondations, risques...
"Pour les incendies cet été, on n’est pas passé loin"... a poursuivi Georges-François Leclerc. "Nous avons des pompiers efficaces, nous avons des moyens nationaux mis à disposition avec les Canadair. Maintenant, il faut que vous, les maires, fassiez respecter les obligations de débroussaillement".

L’association des maires a remis 273 000€ aux communes sinistrées par les inondations de 2015. (JMC)

Concernant les inondations, il s’est félicité de la création du SMIAGE (Syndicat Mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau) à l’initiative du conseil départemental. "Il associe la Métropole, les communes, le Département : il faut maintenant le consolider. Les conseils municipaux doivent maintenant adopter les délibérations de transfert de moyens et de compétence, et surtout ne pas se prononcer pour la dissolution de ce syndicat. Ne gâchons pas cette chance extraordinaire !"

Logement, espace public
Logement : le préfet s’est réjoui de la construction de 3 200 logements en 2016-2017. "C’est un record. La loi SRU est appliquée sans complaisance mais sans brutalité. Il faudra dix ans pour rattraper le retard" a prévenu Georges-François Leclerc qui a aussi plaidé pour la sauvegarde des espaces agricoles. "Il faut éviter la consommation des terres cultivables et des espaces naturels, le mitage et au contraire concentrer les constructions".

Le nerf de la guerre
Après avoir écouté les critiques portées contre les projets gouvernementaux, le préfet a rappelé que la Dotation Générale de Fonctionnement sera stabilisée en 2018, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. "L’endettement est insoutenable, mais une partie de cet endettement est attribué aux collectivités locales puisque l’État emprunte pour leur attribuer ensuite une dotation". Suivez mon regard... Il a conclu par une pirouette, appréciée par Éric Ciotti : "Je vous conseille de faire comme le Département, qui a fortement réduit ses dépenses".
Plus tôt dans la matinée, Denise Leiboff, maire de Lieuche, 42 habitants, avait justement interpellé la tribune des parlementaires sur ce thème des économies : "On n’en peut plus. Dans nos petites communes, on compte chaque sou et chaque centime. Les élus balaient les rues, débouchent les égouts. Alors dites-nous, sur quoi pouvons nous encore faire des économies ?"

Dans les allées du salon des maires 06, de nombreux contacts ont été pris entre exposants et visiteurs. (JMC)

Département : irremplaçable

"Les maires sont la vitalité de notre démocratie, sa cellule de base. Je crois à la commune, au Département et à la Nation. Ce sont les trois cellules de base qui ont été au cœur de nos grands progrès démocratiques et économiques". Alors qu’il vient de quitter la présidence du conseil départemental, le député Éric Ciotti s’est fait l’avocat des élus de proximité, annonçant une "opposition pragmatique" aux projets gouvernementaux. Il les a mis en garde contre les économies annoncées pour les collectivités : "13 milliards pour le quinquennat qui s’ajoutent à 11 milliards les années précédentes, ce n’est pas du virtuel" a t-il grondé. "Vous êtes les victimes de ce populisme mondain qui cible les communes rurales alors que 25 millions de Français vivent dans des villages de moins de 2 500 habitants".
Le préfet Leclerc a contesté les chiffres avancés par Éric Ciotti, voyant plutôt pour les collectivités une stabilisation et une programmation raisonnable de la DGF pour les années à venir, Charles-Ange Ginésy, de son côté, est revenu sur l’intérêt de ce salon qui pour lui mérite d’être reconduit. "Le conseil départemental continuera avec détermination à porter assistance aux communes et aux maires", affirmant que "sans le Département il n’y a pas d’avenir pour les communes".

Ça va mieux en le disant...

Petites phrases entendues au fil des interventions et débats

Henri Leroy

Celui qui va entrer prochainement au Sénat a estimé que les maires "sont des élus à portée de clics et de claques. (...) Ils doivent supporter une loi SRU absurde. Comment peut-on nous reprocher en même temps de bétonner et nous obliger à construire ? (...) La réforme de la taxe d’habitation met en danger l’économie des collectivités, qui ne dépendront plus que de la volonté de l’État".

"Nous voulons être des partenaires écoutés et respectés, or il y a une volonté centralisatrice de l’État qui veut nous imposer ce qu’il est lui même incapable de faire en matière d’économies. Vive la commune libre !"


Dominique Estrosi-Sassone
"Les annonces de cet été ont obscurci l’avenir des collectivités locales. C’était "l’Été meurtrier". Les économies ne doivent pas être réalisées de manière brutale et unilatérales. La réforme de la taxe d’habitation est un racolage électoral. Elle est payée par 22 millions de Français pour 22 milliards de recettes, 36% des recettes fiscales des collectivités. Le courage aurait été de réviser la valeur locative cadastrale qui n’a pas bougé depuis 40 ans".

"La réserve parlementaire, ce n’est pas du clientélisme. Elle permet de financer des projets dans de petites communes qui, sans cette aide, ne pourraient s’en sortir".


Jean-Pierre Leleux
"La réforme est nécessaire.
Mais la méthode employée n’est pas au rendez-vous des attentes des maires. La baisse des dotations peut se comprendre,
mais ne prend pas en compte les difficultés des petites communes
".

Loïc Dombreval
"Le Premier ministre a annoncé 200 000 contrats aidés pour les jeunes dans le social et l’éducatif en 2018, en particulier au bénéfice des communes rurales. Pour la 1ère fois en six ans, la DGF ne baisse pas pour les communes, et les crédits de la politique de la ville vont être doublés".

Honoré Colomas
"Les élus locaux n’en peuvent plus ! Nous demandons aux communes de voter une délibération qui sera remise à François Baroin, président des maires de France, pour que nous gardions notre liberté de gestion".

Louis Nègre
" Nous transmettons 2 200 milliards de dettes aux générations futures. Si les collectivités locales doivent se serrer la ceinture, je demande que l’État fasse des économies dans les mêmes proportions".

Le préfet Georges-François Leclerc
"Même si chacun connaît l’extraordinaire rigidité des dépenses de fonctionnement, prêtez-y attention pour dégager de l’investissement".

Bernard Brochand
"Les réformes doivent être menées avec intelligence. Il revient aux maires de réfléchir et répondre aux spécificités des communes. Par exemple, il ne peut y avoir le même décret plage pour Dunkerque et pour Cannes".

Toutes photos de l’article : DR JMC

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