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Anthony Borré : « Il est temps que l’État fasse confiance aux maires »

Le président de Côte d’Azur Habitat a profité de la venue amicale du ministre de la Transition écologique pour appeler à une plus grande territorialisation en matière de logement.

Dans son discours, Anthony Borré a mis en avant l’importance de Côte d’Azur Habitat, premier bailleur social du département, avec plus de 21 000 logements permettant de loger plus de 50 000 personnes. Il a également évoqué la crise du logement en France, avec 2,4 millions de personnes en attente d’un logement social en 2022, dont 21 000 dans la Métropole Nice Côte d’Azur. Pour répondre au mieux à cette crise, le président de Côte d’Azur Habitat est convaincu qu’il faut donner plus de marge de manœuvre aux territoires.

Construire mieux

« Nous les élus locaux, estimons, et je me fais sans doute le porte-parole de beaucoup de maires avec qui je partage tant sur ces questions, que cette politique (du logement) mérite sans doute une meilleure territorialisation. Qui peut prétendre que le littoral niçois recouvre les mêmes problématiques que la Normandie, la Corrèze ou la Creuse ? Oui, il est temps que l’État fasse confiance aux maires », a-t-il affirmé. « Les élus bâtisseurs portent une vision à long terme de leur territoire. Le couple maire-préfet fonctionne et c’est cette complémentarité qui permet à notre territoire d’être innovant. Évidemment il faut construire davantage mais il faut surtout construire mieux. Et construire mieux c’est limiter l’étalement urbain », a-t-il exposé, ajoutant que la Ville de Nice réfléchissait à «  une grande stratégie de surélévation », avec un potentiel de 5 000 logements supplémentaires. «  Construire mieux c’est aussi en finir avec une approche purement quantitative ». Il s’est alors référé à la loi SRU, dont l’article 55 impose à de nombreuses communes la construction d’un minimum de logements sociaux. « Cette loi qui a 20 ans a été utile à la France. Elle a permis de modifier en profondeur le regard porté sur le logement social  », a reconnu Anthony Borré. « Mais quand nous sommes attachés à la territorialisation de nos objectifs, il faut comprendre les contraintes auxquelles nous sommes confrontés. La loi 3DS (NDLR : loi du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale) a ouvert une voie dans la territorialisation et dans le dialogue approfondi des préfets et des maires mais je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut aller plus loin. Ici nous sommes au cœur d’un département trop souvent pointé du doigt alors même que je vois des maires qui se battent au quotidien pour construire, pour convaincre et pour trouver du foncier ».

« On a besoin de décentralisation »

Les Moulins dans les années 70 ©Crédit Côte d’Azur Habitat

Le maire de Nice et ancien ministre Christian Estrosi, pour qui le logement social est un «  sujet fondamental », s’est lui aussi dit favorable à « une décentralisation réussi et utile ». Invité à s’exprimer après MM. Borré et Estrosi, Christophe Béchu a reconnu que les Alpes-Maritimes était un département ayant « des contraintes, plus que d’autres ». « Il est évident qu’en termes de capacité à s’étaler ou à bénéficier d’un foncier dans des conditions qui soient bon marché, vous n’êtes pas comparables à d’autres territoires en France ». Il a relevé la « pression touristique  », « accentuée par le phénomène des meublés touristiques ».
Au sujet de la loi SRU, il a répondu mais sans vraiment répondre : «  Dans les territoires où nous ne sommes pas à 25 %, les gens disent que ce n’est pas tenable. Dans les territoires où on est à plus de 25%, ils tiennent évidemment un discours différent ». S’il a ajouté être conscient « de la réalité objective des difficultés auxquelles » les élus azuréens font face, il a souligné qu’on n’héritait « pas tous des mêmes territoires ». Et qu’il fallait donc faire avec.
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a en revanche fait part d’une « conviction absolue » : «  on a besoin de décentralisation  ». « Cela devient une folie de se dire qu’on va depuis Paris gérer la totalité des situations, avec des situations géographiques qui ne sont pas les mêmes, avec des réalités qui ne sont pas les mêmes ». Pour Christophe Béchu, le rôle de l’Etat est de «  fixer un cap ». « Le Président l’a dit de manière extrêmement claire : il souhaite que le sujet de la décentralisation, en particulier de la décentralisation du logement, soit mis sur la table. Je pense qu’en confiant davantage de pouvoir aux élus locaux dans ce domaine, on fera œuvre utile à tout le monde. On a été trop loin dans les processus administratifs, y compris en matière de logement social ».

Après de tels propos, les élus du département vont forcément attendre les actes.

Les présidents de Côte d’Azur Habitat de 1950 à nos jours 


De 1950 à 1959 : Jean Médecin
1959-1964 : Raoul Bosio
1964-1995 : José Balarello
1995-2001 : Max Baeza
2001-2002 : Gilbert Stellardo
2002 : Jacques Peyrat
2003-2006 : Jean-Pierre Nicoud
2006-2007 : Juliana Chichmanian
2008 : Jacques Peyrat
2008-2017 : Dominique Estrosi-Sassone
2017-2020 : Philippe Pradal
Depuis le 30 juillet 2020 : Anthony Borré

Côte d’Azur Habitat en chiffres 


 : premier bailleur social du Département
90 : nombres de communes dans lesquelles l’office est présent
21 000 : nombre de logements à disposition
50 000 : nombre de personnes logées
430 : nombre de collaborateurs

Photo de Une : discours d’Antony Borré de la matinée organisée pour le centenaire de l’office azuréen, le vendredi 8 septembre au Centre universitaire méditerranéen de Nice ©S.G

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