Indice du risque politiqu

Indice du risque politique de Coface : oui le risque se répand mais de façon différente selon les régions

Les articles et éditoriaux sur le sujet du risque politique se multiplient. Avec la hausse des incertitudes en Europe et aux États-Unis et les effets systémiques qui pourraient en découler, l’impact du risque politique est devenu une réalité. Pourtant sommes-nous dans un monde où le risque politique est plus important ? Bien que les analystes s‘évertuent à décrire le phénomène, peu s’accordent sur une définition ou même sur une mesure du risque politique. Or, ce dernier englobe plusieurs dimensions. Mais, comment marier l’occurrence d’une guerre, la possibilité d’une révolte populaire et la montée du populisme ? C’est la question à laquelle répond cette étude à travers un nouveau modèle de risque politique quantifié couvrant 159 pays, de 2007 à 2016.

Le modèle Coface mesure différents types de risques politiques en fonction de leurs incidences sur l’activité des entreprises. Deux grandes familles sont prises en compte pour chaque pays : le risque sécuritaire, qui inclut celui de conflit et le terrorisme, et le risque de fragilité politique et sociale qui comprend une mesure du populisme pour les pays développés. Alors, à la question « observe-t-on une augmentation du risque politique à l’échelle mondiale ? », la réponse est oui. Depuis 2013, le risque politique augmente, mais cette hausse cache des dynamiques différentes en fonction des régions.

- L’indice s’accroît depuis 2013
Deux grands risques sont distingués : le risque sécuritaire (conflits et terrorisme) et la fragilité politique et sociale. Si le premier empêche directement les entreprises d’exercer leur activité, le second a souvent un effet plus indirect, via la confiance.
- Le risque de conflits a été multiplié par deux entre 2007 et 2015
- Augmentation du risque terroriste (multiplié par 2,8 depuis 2008) : les conflits s’internationalisent
- Une mesure spécifique pour les pays avancés face à la montée du populisme
- Un indice complet global pour quantifier le risque politique au cœur de l’actualité.

Le score du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord affiche un niveau élevé (Afghanistan, Irak, Libye, Nigeria : 100%) et en augmentation depuis 2010 (+22 points pour le Liban, +20 points pour l’Egypte). En Afrique subsaharienne, le risque s’accroît depuis 2013, notamment à cause des conflits qui découragent les investisseurs : +36 points au Nigeria (-30 % d’IDE depuis 2013), +28 points en République centrafricaine (à noter que la Côte d’Ivoire s’améliore légèrement : -6 points).

Les pays de la Communauté des États Indépendants sont aussi nettement au-dessus de la moyenne. La dégradation des scores de la Russie (+2 points) et de l’Ukraine (+41 points) n’est pas la seule raison. Une hausse des fragilités politiques et sociales au Tadjikistan (+10 points) et en Azerbaïdjan (+8 points) est également constatée.

En Amérique latine, où les fragilités sociales s’amplifient, le niveau de risque est pareillement sur une pente ascendante : le Mexique (+25 points) et le Venezuela (+9 points).

Les tendances sont contrastées en Asie : à l’exception des deux mastodontes, Chine (+ 10 points) et Inde (stabilité), le risque politique s’améliore doucement depuis 2010 (-60 points pour le Sri Lanka, -25 points pour le Népal).

Les trois composantes de l’indice confirment que le risque se répand

L’indice de conflits
L’indice de conflits s’appuie sur l’occurrence des conflits, leur intensité et les types d’acteurs impliqués. Les pays en guerre figurent en tête du classement : l’Afghanistan, l’Iraq, le Soudan, le Nigeria et la Syrie. Le Mexique, en raison de la guerre des cartels, la Colombie, l’Algérie ou l’Inde ressortent aussi avec un niveau de risque élevé.

Le risque terroriste
On ne peut désormais plus mesurer le risque sécuritaire sans prendre en compte l’indice du terrorisme qui a été multiplié par 2,8 depuis 2008 et est susceptible d’affecter la confiance des entreprises, des ménages et des investisseurs étrangers. La majeure partie des pays de l’OCDE engagés dans la lutte contre l’Etat Islamique ont vu leur résultat augmenter entre 2011 et 2015 : la France est la première économie avancée dans le classement avec un score de 77% (en progression de +24 points). Le risque augmente de même aux Etats-Unis (+23 points), en Australie (+27 points) et en Allemagne (+27 points).

L’indice de fragilité politique et sociale
Les indices de fragilité politique et sociale tiennent compte, d’une part, de la nature du régime politique, de la fragmentation ethnique et linguistique et des libertés politiques et droit civique, d’autre part, des pressions et instruments du changement. Entre 2007 et 2015, la hausse est particulièrement marquée dans les pays de la CEI et en Amérique latine.

Les pays avancés au défi de la vague populiste

Pour les pays avancés, afin de tenir compte de la montée du populisme, les données du projet « Manifesto » sont inclues. Celui-ci recense la part des manifestes politiques allouée à un thème électoral tels que le protectionnisme, la sécurité, l’ordre public et les valeurs nationales. L’analyse de Coface montre que les pays où la pression du populisme atteint le niveau le plus élevé sont le Royaume-Uni (73%) et la France (70%), avec une part significative de thèmes liés à l’ordre public. Ensuite viennent l’Autriche (64%) et les Pays-Bas (63%), avec une part importante liée à la méfiance vis-à-vis du multiculturalisme.

Prendre connaissance de l’étude complète en cliquant ici.

[1] Pour la période 2007-2015

deconnecte