Les dossiers économiques

Les dossiers économiques chauds de la rentrée

Budget, retraite, chômage, salaires et santé : les sujets sensibles ne manquent pas pour cette rentrée ! Mais la croissance nulle au deuxième trimestre va sérieusement compliquer l’équation…

L’annonce par l’Insee d’une croissance nulle au deuxième trimestre 2015 fut , cet été, un coup dur pour le gouvernement, d’autant plus que la France profite depuis quelques mois d’une conjonction de facteurs favorables à la demande : dépréciation de l’Euro, niveau très bas des taux d’intérêt et baisse importante des prix du pétrole. En cause, l’atonie de la consommation des ménages, et des investissements toujours en berne.

Un budget sous tension

Le gouvernement devra donc construire son budget 2016 avec une hypothèse de croissance faible, de l’ordre de 1,2 %, et une inflation tangente à zéro, ce qui ne manquera pas de compliquer sa tâche. Et ce, surtout que les priorités, nombreuses, vont de la réduction du déficit public à l’aide aux entreprises via le Pacte de responsabilité, en passant par l’éducation et la sécurité.
Côté recettes, la suppression d’une tranche de l’impôt sur le revenu pour les ménages et la poursuite de la baisse des impôts pour les entreprises, risquent fort de compliquer l’équation budgétaire. Quant à l’annonce surprise par le chef de l’Etat d’une réduction des impôts l’an prochain, « si la croissance s’amplifie en 2016 », c’est typiquement le genre de promesse qui n’engage à rien…

En outre, les frondeurs pourraient à nouveau faire parler d’eux lors des discussions sur le projet de loi de Finances, notamment après l’adoption par le bureau national du Parti socialiste, le 26 juillet dernier, d’un rapport sur le budget de 2016, qui propose de réorienter partiellement le Pacte de responsabilité vers les ménages et les collectivités territoriales.

Inverser la courbe du chômage

Hélas, avec un taux de croissance aussi faible, le chômage continuera sa progression. En effet, si l’on tient compte des gains de productivité de l’économie française et de l’augmentation de la population active, il faudrait une croissance d’au moins 1,5 % pour lutter efficacement contre ce fléau, qui touche au bas mot 10 % de la population active de notre pays !

François Hollande a du reste fait de la baisse du taux de chômage une condition sine qua non pour un éventuel second mandat à la tête de l’Etat, en 2017. Or, la démission du ministre du Travail, François Rebsamen, va inévitablement faire peser une lourde charge sur les épaules de son successeur, d’autant qu’il n’y a pas d’embellie notable sur le front du chômage et que les négociations entre partenaires sociaux sont toujours très difficiles.

On suivra donc avec intérêt la remise, ce mois de septembre, du rapport de l’ancien directeur du travail, Jean-Denis Combrexelle, qui doit faire des propositions concrètes pour donner plus d’importance aux accords d’entreprises et de branches. De plus, l’allégement des conditions d’ouverture dominicale des commerces, conséquence directe de la loi Macron, ne manquera pas de provoquer l’ire des syndicats de salariés, qui évoquent déjà l’intention d’aller devant l’Organisation internationale du travail (OIT), si les voies de recours nationales ne leur donnaient pas satisfaction.

Les agriculteurs en colère, les autres aussi !

Les nombreuses manifestations d’agriculteurs, dont la crise des éleveurs porcins a constitué l’acmé médiatique, posent des questions de fond auxquelles le gouvernement devra tôt ou tard apporter des réponses. Par exemple, jusqu’à quel point les différences de réglementations au sein de l’Union européenne permettent-elles une réelle concurrence libre et non faussée ? Faut-il limiter les importations de certains produits agricoles, afin de faire remonter les prix payés aux producteurs français ?
Le gouvernement doit-il intervenir dans le processus de fixation des prix, comme dans le cas du marché du porc breton, à Plérin ? La grogne pourrait ainsi très vite reprendre en cette rentrée.

Mais même en dehors du monde agricole, de nombreuses tensions se font jour. Ainsi, tandis que les organisations syndicales vont réclamer un coup de pouce pour le SMIC, les fonctionnaires, quant à eux, devront se prononcer sur la proposition du gouvernement de revoir toutes les grilles salariales d’ici à 2020. En outre, les partenaires sociaux se réuniront à nouveau au mois d’octobre, pour tenter de sauver les régimes de retraite complémentaire du naufrage.

Enfin, à tout cela vient se greffer la question des migrants, qui met en lumière les graves difficultés de coordination des Etats européens, et celle du climat, avec l’organisation de la conférence mondiale sur le climat, COP 21, à Paris en décembre prochain. Bien entendu, en toile de fond, il y aura les grandes manœuvres électorales pour éviter au PS une nouvelle débâcle aux élections régionales de fin d’année.

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