
Cabinet Skynet : Que la force se transmette
- Par Sébastien Guiné --
- le 17 janvier 2025
Déçues par les propositions de grands groupes, les dirigeantes du cabinet d’expertise et conseil azuréen ont trouvé en interne une solution de transmission qui ravit tout le monde.
La transmission d’un savoir-faire et d’une philosophie

Aux commandes du vaisseau Skynet depuis sa création en 2001, l’experte-comptable Valérie Ammirati, rapidement rejointe par Christine Boutin, qu’elle connaissait depuis les années 80, pensait depuis un moment à la transmission du cabinet. Approchée par de grands groupes, elle a attentivement écouté leurs offres. Avant de décliner, poliment mais fermement. « Comme souvent, je me construis a contrario, même si ce n’est pas une transmission a contrario », explique-t-elle en préambule. « Je ne voulais pas d’un groupe qui prenne les rênes et qui n’inclut pas Elfie (Menu) et Véronique (Blanc-Nannini) ». L’annonce de la transmission a été officialisée en ce début d’année au travers d’un communiqué : « Valérie Ammirati et Christine Boutin (associée responsable administratif et RH) sont heureuses et fières de transmettre les rênes du cabinet Skynet Expertise et Conseil à Véronique Blanc-Nannini et Elfie Menu, chefs de mission qui viennent d’atteindre 18 ans d’ancienneté dans le cabinet (…), s’assurant ainsi que sa culture du conseil et le respect des clients comme des collaborateurs perdurera. La période de transition déjà entamée se poursuivra pendant encore au moins un an ». Avec ce même souci de la qualité de service, rappelé par la fondatrice : « On refuse les clients qui ne veulent pas être accompagnés et qui veulent juste un expert-comptable pour remplir des cases ». Valérie Ammirati est également fière de pouvoir passer le relais à deux femmes. « C’est toujours compliqué pour une femme de trouver sa place dans l’expertise-comptable. Et je suis contente parce qu’il y a en a deux qui ont trouvé leur place ». Elle sait pourtant qu’avec moins d’un tiers de femmes dirigeantes d’un cabinet d’expertise-comptable, « la route est encore longue ».
Positive

Les deux expertes-associées ne tarissent pas d’éloges sur leur ancienne présidente, cheffe d’entreprise charismatique, fan de Star Wars et d’Harry Potter à l’énergie positive contagieuse. « Skynet, c’est ton bébé Valérie mais tu nous as donné envie que ça devienne le nôtre », raconte Véronique Blanc-Nannini au cours d’une visio-conférence conjointe avec la fondatrice de Skynet et avec Elfie Menu. « Tu nous as transmis cette passion, cette envie d’être avec les clients », poursuit Véronique Blanc-Nannini. « Il n’y a rien qui change On continue Skynet dans la philosophie de Valérie et de Christine. En espérant d’être à la hauteur et de faire mieux même ». Elfie Menu confirme : « On garde nos valeurs, un grand groupe aurait essayé de nous changer ». Elles prennent toutes les deux plus de responsabilités. En ce qui concerne la stratégie, la partie préférée de Valérie Ammirati, elles ont choisi de se tourner vers le label Co-Pilotes, rassemblement d’experts-comptables indépendants (voir encadré ci-dessous). « On est moins communicantes que Valérie, on avait besoin de se rassurer à ce niveau-là », souligne Véronique Blanc-Nannini. Les deux co-repreneuses auront également plus de pression à gérer.
« Les mettre en avant »
« Il y a la pression de devenir dirigeantes et il y a une pression par rapport à la personnalité de Valérie », ajoute la co-repreneuse. « On espère qu’une Elfie et une Véronique remplaceront une Valérie ». Elfie Menu reconnaît qu’elles sont pour l’instant « un peu effacées » et qu’il va falloir qu’elles prennent leur place. Valérie Ammirati va les y aider, elle qui a déjà connu le fait de se mettre en retrait en quittant la présidence d’Initiative Nice Côte d’Azur (INCA) en 2021 après s’être démenée pendant trois ans. « Là, je donne un dernier petit coup pour les mettre en avant », glisse celle qui va rester membre bénévole d’INCA. « J’ai un an pour arriver à baisser mon niveau d’activité », poursuit-elle. À mi-temps aujourd’hui, Valérie Ammirati quittera le cabinet dans un an. Définitivement ? Elle n’exclut pas, « si les filles sont d’accord », de continuer à s’occuper de l’accompagnement des dirigeants à la retraite. « C’est une idée qui me trotte dans la tête ». Mais elle est également « frustrée » d’expositions et de longs voyages. « Je ne me suis jamais arrêtée plus de trois semaines, y compris pour mes deux congés maternité. Alors peut-être que j’arrêterai tout court ». Au niveau associatif, en plus d’Initiative, elle n’hésitera pas à « donner des coups de main à droite et à gauche », comme elle l’avait fait pour le Secours populaire après la tempête Alex. De toutes façons, aider, de toutes ses forces, elle continuera de le faire.
Skynet, membre des Co-Pilotes
Anticipant le départ de la tête pensante Valérie Ammirati, la nouvelle équipe dirigeante composée de Véronique Blanc-Nannini et Elfie Menu s’est tournée il y a quelques mois vers les Co-Pilotes, un label qui rassemble près de 50 cabinets et au total quelque 170 experts-comptables et 1 450 collaborateurs en proposant un échange de bonnes pratiques. Les Co-Pilotes sont, selon leur présentation, « une alliance d’experts-comptables de cabinets indépendants prêts à mutualiser leurs savoir-faire et échanger avec d’autres confrères pour développer leur cabinet en matière de stratégie, marketing, commercial, RH… ». Le fondateur en 2011, Frédéric Tillard, explique que sa mission « consiste à donner leur chance à des professionnels motivés par le changement, l’innovation ». « Comme pour moi, le réseau peut changer votre vie. N’hésitez pas à vous challenger, cela peut rapporter gros et changer votre vie », assure-t-il sur le site internet des Co-Pilotes. « On a intégré le label en juillet et on a commencé à aller aux événements et cela nous a ouvert l’esprit », relève Véronique Blanc-Nannini. « On est rassurées parce qu’ils ont les mêmes problématiques que nous en termes de personnel, ils vivent les mêmes déboires. Comment font-ils, comment contournent-ils le problème ? Est-ce qu’on peut l’appliquer à notre taille, à notre secteur ?... Cela nous apporte énormément ». « Cela permet de démultiplier sa force de travail », complète Valérie Ammirati qui a rencontré Frédéric Tillard pour la première fois en 2016. Elle prévient que le label est « assez sélectif ». « Il ne faudrait pas que quelqu’un arrive, pille les bonnes solutions et ne donne rien », avertit-elle.
Le cabinet Skynet Conseil et Expertise en trois chiffres
24 ans d’accompagnement des chefs d’entreprise (« La garde rapprochée du chef d’entreprise »)
15 collaborateurs
450 clients
La semaine de quatre jours à la sauce Skynet
En plein débat sur la semaine de quatre jours, le cabinet Skynet a réfléchi, sans faire de bruit, à sa solution. Pendant un an, un double système a été testé, l’un pour la comptabilité, l’autre pour les ressources humaines. « Les 35 heures ont été lissées en deux semestres. Pour l’équipe compta, lors du premier semestre tout le monde fait 40 heures et pendant le deuxième tout le monde fait 28 heures, réparties en quatre jours. Cela permet d’avoir plus de main d’œuvre pendant la période fiscale et de lever le pied pendant la période un peu plus légère », développe Valérie Ammirati. « Le pôle RH décline cela en deux semaines par mois à 40 heures et deux semaines par mois à 28 heures ». Résultat : « Au niveau RH elles sont ravies, puisqu’elles ont toujours deux semaines assez pleines et deux semaines assez creuses. Et au niveau comptabilité, je pense que tout le monde a apprécié ». Véronique Blanc-Nannini confirme : « Cela fait vraiment du bien après la période fiscale qui est toujours très dense et intense de pouvoir avoir une journée de repos supplémentaires pendant six mois ».