Casseroles en politique

Casseroles en politique

- Manifestations contre la réforme des retraites  : reconnaissons que l’arrêté pris la semaine passée par la préfecture de l’Hérault pour protéger du tintamarre les oreilles présidentielles avait un petit quelque chose de flou. S’il interdisait dans un périmètre donné tous "objets sonores portatifs", cependant il ne les listait pas. Un mégaphone et un sifflet à roulette sont à l’évidence des objets à la fois (très) sonores et portatifs, mais que dire d’une casserole seule ? Non munie d’une cuillère en bois, elle est aussi silencieuse qu’une pierre tombale, sauf si on la choque avec une autre casserole. Pour être cohérent, il faudrait donc interdire – et pas seulement aux mineurs de moins de 15 ans - le port de casseroles multiples, mais laisser circuler librement les casseroles seules. On voit qu’il est urgentissime que les plus hautes autorités judiciaires et administratives se penchent sur un sujet aussi épineux.

- Alors que le monarque républicain dispose en France d’une espérance de vie politique de 5 ans (ou de 10 au maximum, en cas de réélection, sans avoir d’ailleurs aucune certitude de pouvoir aller jusqu’au terme de son mandat), le roi de droit (plus ou moins) divin comme Charles III d’Angleterre a la vie devant lui pour régner. Même impopulaire, il pourra se cramponner au trône jusqu’au jour où, le plus tard possible, Nelson Monfort et Stéphane Bern commenteront ses obsèques en direct de Westminster. Alors que chez nous, s’il ne leur convient pas, le peuple a le pouvoir de changer - pacifiquement - son monarque avec un simple bulletin de vote. À condition de faire l’effort de se déplacer aux urnes, ce qui donne aussi ensuite le "droit" de rouscailler.

- Comme des médecins qui seraient tentés de casser le thermomètre parce que leurs malades ont trop de fièvre, un groupe de députés envisage de "réformer" le Conseil constitutionnel. Une question régulièrement posée, revenue sur le devant de l’actualité après le rôle que cette institution a joué dans la "validation" de la réforme des retraites. Constatant le rôle de plus en plus déterminant des juges dans la vie publique, puisqu’on leur demande toujours de trancher à peu près tout et n’importe quoi à la lumière du Droit, des politiques s’inquiètent maintenant de ce contre-pouvoir qui n’aurait pas lui-même... de contre-pouvoir. Sans crier jusqu’à la dictature du judiciaire ou d’une "République des juges", ils veulent à tout le moins qu’une réflexion sur ce sujet soit menée. La récente et sévère condamnation d’inéligibilité "avec effet immédiat" du maire de Toulon Hubert Falco conforte encore davantage les méfiants envers ceux dont le pouvoir est à la fois séparé, absolu puisqu’il a toujours le dernier mot, et qui n’est pas obtenu avec l’onction indiscutable du suffrage universel.

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