Crise énergétique, inflation : Le décryptage de Jean-Christophe Caffet, économiste en chef de Coface
- Par Valérie Noriega --
- le 16 mars 2023
Mardi 14 mars au Novotel Monte-Carlo, Jean-Christophe Caffet, Économiste en chef de Coface était l’invité du MEB et de ses partenaires Gramaglia et Banque Populaire Méditerranée. Une nouvelle fois, il a livré une analyse passionnante de la situation actuelle et ses prévisions pour les mois à venir. Des informations particulièrement précieuses pour anticiper les inévitables aléas de l’économie mondiale.
« On a échappé au pire mais le meilleur n’est pas pour tout de suite ! » C’est par ce constat pas complément optimiste, mais pas catastrophiste non plus, que l’économiste a débuté son exposé devant une audience de plus de 80 chefs d’entreprises et officiels. Il faut dire que l’an passé, Jean-Christophe Caffet animait cette même conférence « Risque pays » un certain 24 février, jour de l’invasion russe en Ukraine. Un exercice ardu dont il s’était tiré avec brio. En 2023, le contexte a évolué mais reste incertain ; un économiste de ce calibre n’était donc pas de trop pour le décrypter.
Ancien de TotalEnergies, Jean-Christophe Caffet s’est attardé en fin connaisseur sur la crise énergétique. Si les prix sont revenus à des niveaux d’avant-guerre, grâce notamment à un hiver particulièrement doux et à une moindre consommation, le rebond économique de la Chine après sa politique désastreuse face au Covid et l’incertitude de l’approvisionnement en gaz pourraient changer la donne. Autre inquiétude sur le sujet, l’investissement très insuffisant de la part des acteurs du secteur, quels que soient les choix réalisés sur le futur mix énergétique des années à venir. « Actuellement, selon l’agence internationale de l’énergie, les investissements consentis ne couvrent que la moitié des besoins à venir d’ici à 2030 ».
Concernant les autres grands indicateurs comme l’agriculture et l’industrie, les tendances des prix sont reparties à la baisse mais en gardant des niveaux élevés ; en revanche les chaînes d’approvisionnement ont retrouvé leur niveau d’avant-guerre.
Quant à l’inflation, autre sujet très discuté, elle a connu une légère baisse mais reste très préoccupante alors que les prévisions de croissance de PIB sont globalement faibles, ce qui pourrait entraîner une situation de stagflation. Les grands producteurs de matières premières tels que l’Afrique, le Brésil ou le Moyen-Orient tirent leur épingle du jeu mais aussi, dans une moindre mesure, certains pays comme l’Inde ou le Japon. Les actions des banques centrales pour contenir l’inflation par une politique de resserrement depuis un an devraient commencer à se faire sentir avec une baisse de la consommation et des investissements. Les faillites, quant à elles, s’accélèrent avec la transformation du « quoi qu’il en coûte pour soutenir l’économie” à “quoi qu’il en coûte pour juguler l’inflation”.
L’économiste propose trois scénarios sur les prochains mois
Le premier, considéré comme peu probable, prévoit un atterrissage en douceur avec une inflation maîtrisée et une croissance positive ; le second, qui a les faveurs de Coface, anticipe une poursuite de la stagflation ; enfin le troisième, plus pessimiste (mais avec 30% de probabilité de réalisation selon Coface) envisage une récession, provoquée par une action trop poussée des banques centrales pour contrer l’inflation, ce qui nuirait gravement à la croissance mondiale.
Enfin concernant les fameuses notations émises par Coface, Risques pays, Risques par secteurs d’activités et Risques politiques et sociaux, elles indiquent au global un risque plus élevé dans presque toutes les régions du monde. Jean-Christophe Caffet précise cependant : « si des tendances se dessinent au global, la situation actuelle se caractérise par une grande hétérogénéité d’un pays à l’autre, il est donc nécessaire de regarder en détail chaque destination envisagée pour ses investissements. »