De l'élasticité du contrat

De l’élasticité du contrat de confiance

Contrairement à l’homme de la rue à qui personne ne demande rien lorsqu’il est suspecté de vilenie par la police et la justice, le personnel politique mis en cause se voit en pareil cas interrogé par une forêt de micros. Il a alors une réponse toute faite : «  je fais pleinement confiance en la justice de mon pays ». Cela sous entend d’abord que le glaive et la balance sauront évidemment reconnaître son innocence, mais aussi que la peine éventuellement prononcée sera à la juste hauteur de la faute commise.
Cette « confiance en la justice » est une façon de ne pas insulter l’avenir, et de ne pas indisposer les juges qui auront à connaître de l’affaire à juger. Elle ne signifie pas une connivence entre les deux mondes, le politique et le judiciaire : de récentes et sévères condamnations le démontrant si besoin était.
Comme d’autres, Nicolas Sarkozy a eu confiance dans la justice de son pays. On ne pouvait pas en attendre moins de celui qui fut, par sa fonction, le garant de l’exécution des lois en les promulguant, fussent-elles parfois d’une «  force injuste » comme l’affirmait en son temps François Mitterrand. Il a mis toute son énergie pour protester de son innocence dans le dossier des « écoutes » pour lequel il a été condamné à trois ans de prison dont un ferme sous bracelet électronique en première instance, peine confirmée en appel.
Après ces deux revers lourds de conséquences, il a maintenant toute confiance dans la cour de Cassation pour le rétablir dans son honneur. Parce qu’il s’estime victime de procès injustes, affirmant que « des principes essentiels ont été intentionnellement bafoués dans le seul but de construire à tout prix une culpabilité ». Pour ne rien dire des magistrats qui sont, selon lui, « dans un combat politique ». Il n’en démord pas : « dans cette affaire, tout est factuellement faux, juridiquement illégal et moralement insensé ».
Le premier président de la cour d’Appel de Paris Jacques Boulard a déploré la mise en cause personnelle d’une magistrate par l’ancien président pour « discréditer une décision de justice rendue collégialement, après des débats contradictoires (…) Dans un État de droit démocratique, la critique d’une décision de justice ne doit en aucun cas s’exprimer par la mise en cause personnelle du magistrat auteur de la décision  », écrit-il dans son communiqué.
Nicolas Sarkozy, lui-même avocat, ne peut l’ignorer, quand bien même il lui serait insupportable, et on peut le comprendre, d’être condamné pour corruption et trafic d’influence.

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