Henri Fabre, héros de la Seconde Guerre mondiale nous a quittés
- Par Gilles Carvoyeur --
- le 10 octobre 2023
A 99 ans, Henri Fabre, dernier Commando d’Afrique débarqué sur la plage du Canadel dans la nuit du 14 au 15 août 1944, est décédé cet été dans l’Isère.
Une forte délégation de l’Amicale du groupe des Commandos d’Afrique et leur fanion était présente aux obsèques qui se sont déroulées à Meylan (Isère) le 28 juillet en l’église Saint-Victor. Après le rappel de l’engagement du défunt, les honneurs lui ont été rendus accompagné du chant des Africains avant l’inhumation au cimetière de Meylan, en présence de Cécile Cléry-Barraut directrice de l’ONAC-VG de l’Isère et des porte-drapeaux des associations patriotiques locales. La Ville du Rayol-Canadel avait fait déposer une gerbe.
DELIVRER LA FRANCE
Le 3 août 1943, dans un quartier populaire de la ville d’Alger, à l’initiative du fils du pharmacien, 11 copains font le choix de partir délivrer la France occupée. Ils rejoignent le groupe du colonel Bouvet, issu des corps Francs d’Afrique nouvellement créé à Dupleix et qui a pris le nom de Commandos d’Afrique. Leur devise " Sans pitié ".
« Pour ces jeunes dont certains n’ont pas 18 ans et qui ont falsifié leurs pièces d’identité, commence une épopée qui va les mener de l’île d’Elbe au Danube du 1er septembre 1943 au 8 mai 1945 où ils fêtent autour du lac de Constance la victoire sur le nazisme », rappelle Yves Boyer, secrétaire général de l’Amicale des Commandos d’Afrique.
Henri Fabre, né le 16 septembre 1924, fait partie de cette équipe, chaudronnier comme son ami Pierre Velsch, disparu en septembre dernier, il suit le dur entraînement de ces hommes d’élite, à Sidi-Ferruch puis en Corse où il fait partie des 600 hommes sélectionnés pour débarquer à l’île d’Elbe le 18 juin 1944, puis à Pianosa en Italie le 12 juillet. De retour en Corse, il reçoit le 13 août la nouvelle que tous attendaient depuis longtemps : les Commandos d’Afrique seront les premiers soldats alliés à débarquer sur les plages de Provence dans la nuit du 14 au 15 août. Henri fait partie de la section antichar, équipée de canon de 57. Il participe aux combats pour libérer le Lavandou, Bormes-les-Mimosas et La Londe-les-Maures. Il appuie l’attaque des blockhaus de Mauvanne à Hyères et lors de la prise du fort du Coudon les 18 et 21 août 1944.
CROIX DE GUERRE
Après avoir rétabli l’ordre à Marseille, livrée aux exactions de personnages sans scrupules, c’est avec les résistants qui composent le groupe des Commandos de Provence qu’il rejoint Salins-les-Bains avant d’affronter les troupes ennemies dans les durs combats d’Alsace et des Vosges dans la neige et le froid. Là, il est blessé alors que le groupe perd la moitié de son effectif.
« C’est à la libération de Belfort qu’Henri reçoit une citation élogieuse à l’ordre de la brigade pour avoir repoussé une contre-attaque allemande après que le 3ème commando du capitaine de Leusse a été anéanti dans la clairière du Bois d’Arsot où 40 de ses camarades sont tués. Le capitaine Ducournau lui remet la Croix de guerre avec étoile de bronze », ajoute Yves Boyer.
La remontée vers l’Allemagne se poursuit et il franchit le Rhin pour participer au nettoyage de la Forêt noire où les Allemands en retraite opposent une forte résistance.
Revenu à Kouba avec le grade de caporal, il retourne à la vie civile. La guerre d’Algérie le conduit à servir de 1956 à 1957 dans les unités territoriales rattachées à des unités de combat.
Leur bravoure pendant les combats de la libération du territoire leur vaut de servir en première ligne.
« Henri Fabre accomplit cette tâche avec courage et dévouement. A l’indépendance de son pays d’adoption, il connaît l’éclatement des groupes d’amis dispersés un peu partout en métropole. Mais le groupe des Commandos d’Afrique et du 3ème groupement de choc va reprendre des forces. C’est dans l’Amicale reconstituée qu’il retrouve tous ses amis de Kouba et d’ailleurs et notamment Pierre Velsch », conclut Yves Boyer.