La manif pour tous (...)

La manif pour tous et les dégâts collatéraux

Malgré le score pléthorique de 500 à 200, le match était vraiment nul ! Plus d’un demi millier de personnes ont été placées en garde à vue ces dernières semaines, mais à la fin de l’histoire, très peu furent déférées devant le tribunal, et encore moins condamnées pour des faits répréhensibles. Dans le même temps, plus de 200 gendarmes et policiers ont été blessés dans les différentes cortèges du 1er mai. Non pas du fait des manifestants, bruyants et pacifiques agitateurs de casseroles, mais par quelques centaines d’énergumènes casqués et masqués, venus en découdre, prenant pour prétexte la réforme des retraites et les fameuses bassines qui font bouillir les écolos.

Qu’un nombre aussi important d’individus ait été conduit au poste sans que, finalement, on n’ait rien trouvé de particulier à leur reprocher peut laisser à penser que les forces de l’ordre ont agi par anticipation de possibles délits, en tous cas avec trop de célérité. Cela questionne pour le moins car, dans notre régime démocratique, manifester est une liberté fondamentale reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et dans le droit depuis 1935.
Divers tribunaux administratifs viennent d’ailleurs de retoquer des arrêtés préfectoraux interdisant des manifs et autres "casserolades" à l’occasion des déplacements du président de la République.
Mais la répétition, semaine après semaine, des scènes de "bordélisation" et de violences incitent Beauvau et la place Vendôme à "réfléchir" sur les contours d’une nouvelle loi anti-casseurs. Si, politiquement, le gouvernement se doit d’apporter une réponse pour ne pas laisser le champ libre à tous les extrémismes, pour certains le piège est justement en train de se refermer : toute la difficulté consistera à sanctionner le comportement de ceux qui foulent aux pieds l’État de droit sans faire de "dégâts collatéraux", comme ces manifestants ordinaires qui se font embarquer voire perquisitionner pour un doigt d’honneur ou un Paillassou lancé dans le ciel.

Le chemin à emprunter est donc étroit et dangereux. D’éminents juristes font remarquer que notre droit pénal permet déjà de punir les casseurs sans que l’on ait encore à en rajouter. Les syndicats de policiers ne sont évidemment pas de cet avis. L’émotion ressentie par les images d’un de leurs hommes transformé en torche vivante après avoir reçu un cocktail Molotov ne sauraient justifier, à elle seule, un nouveau serrage de vis même si les forces de l’ordre doivent évidemment être "protégées".

Pour cela, il faudrait croire que des sanctions plus sévères dissuaderaient les black blocs et autres "combattants", ce qui est loin d’être démontré...

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