La mobilisation semble

La mobilisation semble fléchir mais la cocotte reste sous pression

Un peu plus de quarante mille gilets jaunes ce dernier week-end. C’est peu à l’échelle de la France, mais encore beaucoup après trois mois de protestation sur les ronds points et dans les centres-villes. L’opinion publique, qui a longtemps soutenu le mouvement, commence à décrocher. Sans doute faut-il voir dans ce trou d’air davantage de lassitude que les effets supposément "bénéfiques" du grand débat lancé par le gouvernement pour sortir de la crise.

L’exécutif aurait tort de se réjouir trop vite de cet essoufflement car sur le fond rien n’est réglé. Il y a encore beaucoup de colère qui mijote à petit feu. Quant aux gilets jaunes, ils auraient maintenant plus à perdre qu’à gagner dans un mouvement sans fin et qui, faute d’être structuré, ne sait pas vraiment (jusque) où il va. S’ils n’ont pas encore obtenu ce qu’ils revendiquent au bout de quatorze semaines, on voit mal comment la situation pourrait d’un coup se débloquer comme par miracle.
Parmi eux, les "modérés" sont de plus en plus nombreux à rester le week-end à la maison. Ils ne croient plus au grand soir. Se contentent-ils des avancées (prime de fin d’année, coup de pouce sur le smic) et renvoient-ils à plus tard leur exigence de RIC et de retour de l’ISF ? Possible.
Mais l’amertume est bien palpable parmi les gens en souffrance. Ils se dépatouillent comme ils peuvent avec des minima sociaux et des retraites indigentes pour vivoter. Il faut les écouter et si possible apporter des réponses rapides. Facile à dire...

Proposer, comme l’ont fait 86 députés de tous bords y compris de LREM, un retour de la fiscalité carbone sur le diesel est juste incendiaire dans ce climat politique. Même si sur le fond l’argumentation "écologique" est éminemment respectable, il faut quand même se rappeler que c’est l’augmentation de quelques centimes par litre de gasoil qui a servi de détonateur. Ne pas en avoir conscience traduit un incroyable éloignement des cénacles parisiens avec le pays "réel".
Ce que l’on peut craindre au cours des prochains "épisodes", c’est une radicalité qui s’est déjà largement exprimée. Des actions violentes plus "politiques" que revendicatives, à la limite de l’insurrectionnel, sur fond d’un antiparlementarisme de type 1930 même plus caché.
Là est le danger. Dans une surenchère propice aux débordements. Dans des valeurs républicaines bousculées. Qui ont fait qu’une loi anti-casseurs a été adoptée en urgence et qui sera, peut-être, efficace pour maintenir l’ordre. Mais elle est éminemment discutable en donnant à l’administration des pouvoirs de limitation de libertés qui jusqu’alors étaient du ressort exclusif du juge.

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