Les primaires ont-elles

Les primaires ont-elles désigné les "bons" candidats ?

Les primaires de la gauche et celles de la droite et du centre nous donnent une bonne occasion de prendre place dans la machine à remonter le temps. Je vous propose de rembobiner le film seulement jusqu’aux présidentielles de 1995 qui virent au second tour Jacques Chirac face à Lionel Jospin, le premier s’imposant d’une courte tête après une campagne dure entre ces deux forts caractères.

On peut parier sans grand risque, s’il y avait eu des primaires ouvertes pour ces présidentielles là, que Jospin aurait bien été le finaliste de son camp tant son leadership à gauche était installé. Au sein du PS, il s’est d’ailleurs imposé sans aucune peine contre le sourcilleux Henri Emmanuelli.
Mais, de l’autre côté de l’échiquier, à trois mois du vote final, c’est évidemment Edouard Balladur qui aurait été désigné sans coup férir tant son avance était grande sur Jacques Chirac. À l’époque, pas grand monde chez les "amis" de plus ou moins trente ans de ce dernier, aurait parié une pièce de nos bons vieux francs sur la victoire finale de l’ancien maire de Paris.
Et pourtant, dans les sondages comme dans les urnes, l’inversion de la courbe s’est produite, in-extremis. Edouard Balladur n’est arrivé que troisième au premier tour...
Pour 2017, c’est donc à se demander si, sans primaires, nous aurions bien eu François
Fillon et Benoît Hamon comme candidats représentants les deux grands partis de gouvernement. Si, à quelques mois près, Nicolas Sarkozy n’aurait pas pu réussir son retour comme Jacques Chirac avant ? Et si, une fois oubliées les facéties du livre "Un président ne devrait pas dire ça" et la tendance au ralentissement du chômage confirmée, François Hollande n’aurait pu retenter sa chance...
À la lumière de ce qui s’est passé en 1995, ces suppositions ne sont pas farfelues. Cela questionne sur la pertinence des primaires ouvertes qui sont une facilité pour les partis, un moyen de mobiliser les troupes, de créer une dynamique, mais qui ne livrent qu’une vérité relative, valable à un instant T qui n’est pas celui de la vraie élection. Elles n’ont pas été prévues dans notre Vè république : depuis 60 ans, les Français désignent leur président par un scrutin uninominal majoritaire à deux tours dont le résultat est clair, net, précis et surtout indiscutable.
Ce n’est pas le cas avec les primaires...
Il reste encore quelques semaines aux candidats désignés pour insuffler "l’envie d’avoir envie" d’aller voter pour eux.
Mais rien ne dit qu’en mai le gagnant sera l’un des vainqueurs de cet avant premier tour. Car
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont en embuscade. Que l’un ou l’autre - ou les deux - se qualifient pour le second tour, et l’on pourra dire en souriant (jaune) : "tout ça pour ça"...

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