Un loto, un recours, (...)

Un loto, un recours, sinon rien !

Soyons clairs : vos chances de gagner au loto du patrimoine sont à peu près aussi faibles que celles de réussir un recours, même justifié, pour un forfait post stationnement. Dans les deux cas, le loto et le FSP, il n’y a au final qu’un grand gagnant : l’État qui se sert généreusement au passage...
Animé de bonnes intentions, Stéphane Bern a imprudemment associé son nom à une belle œuvre, le sauvetage des monuments en péril. Le public est donc invité à acheter des tickets très "chics" à 15 euros avant d’avoir un "choc" : 10% seulement du prix du billet, soit 1,5 euro, reviendra à la restauration.
Pas besoin d’être expert-comptable pour comprendre que rendement et performance sont extrêmement faibles pour cette opération. Les joueurs se consoleront peut-être en apprenant que ce loto rapportera 14 millions à
Bercy, soit le même montant que celui qui sera attribué au patrimoine. Le solde se partagera entre les buralistes (dont l’existence est aussi parfois en péril...), les gagnants et notre bonne Française des Jeux, qui ne s’oublie pas...

Pas de chance, en revenant d’avoir acheté votre billet "patrimonial", vous découvrez un FSP sous votre essuie-glace.
Comme vous êtes de bonne foi, que vous avez payé le stationnement, mais que le préposé n’a pas pas vu votre ticket sur le tableau de bord, vous êtes plutôt serein pour la suite.
Erreur. Grossière erreur ! Pour ne pas payer les 16 euros que l’on vous réclame indûment, vous allez mettre le doigt dans un engrenage dont vous n’avez encore aucune idée...
Pour dire les choses simplement : dans le processus imaginé pour faire échouer votre recours, il faut d’abord payer la prune, sinon pas de contestation possible, circulez ! Ce préalable accompli (gardez bien le justificatif), vous voilà en train de déchiffrer les explications de la notice, écrites dans un volapük administratif incompréhensible, dont seuls le cerveau de technocrates pervers peuvent avoir la maîtrise. Le niveau de complexité atteint relève du grand art, de la poésie hermétique, de l’absurde.
Ensuite, il vous faudra télécharger un formulaire (bon courage pour le trouver sur le net), le remplir avec des numéros longs comme une passe décisive de Mbappé, fournir jusqu’à neuf documents en les classant dans un ordre précis. Sinon, votre recours, vous pourrez vous le remettre sous l’essuie-glace.
Expédiez le tout, faites brûler un cierge...
N’étant pas plus malin que la moyenne, je me suis accroché. J’ai tout bien fait. Avec application et agacement. J’ai perdu deux bonnes heures. Photocopies, démarches à la Poste... (n’oubliez pas d’envoyer l’avis RAR de votre recours initial auprès de la collectivité locale avant de saisir la commission du contentieux du stationnement payant). J’ai avalé trois boîtes de calmant, j’ai été désagréable avec mon entourage. J’attends maintenant le verdict, la condamnation prévisible d’avoir osé aller au terme de cette procédure kafkaïenne. Persuadé que jamais, ô grand jamais, je ne reverrai les 52,80 euros de l’amende majorée, qui me sont volés par ce système malhonnête. En attendant, je me suis promis de ne plus acheter de ticket de loto du patrimoine. De laisser ma bagnole au garage. J’ai repris mon vélo et j’avoue sans honte que j’ai plaisir maintenant à attacher son antivol systématiquement après les poteaux des panneaux d’interdiction de stationner.

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