Studios de la Victorine

Studios de la Victorine : Une reprise ambitieuse

De l’aveu du maire de Nice, les légendaires studios ont « périclité » dans les années 80. L’ambition est d’accélérer, avec des acteurs de confiance, le redressement opéré depuis 2017 par la ville.

«  C’est un jour qu’on doit vivre avec une certaine émotion  », a relevé Christian Estrosi, dont le grand-père a participé à l’édification du premier portique des studios de la Victorine, à l’occasion de l’annonce de la reprise de la concession, mercredi 27 mars, par un groupement composé de Digital District Entertainment (à 75 %) et de la chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur (à 25 %). Au cours de cette conférence de presse, le maire de Nice a rappelé les « grandes années  » des studios, avec Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, entre autres, et leur « très grande réputation, qui a résisté jusque dans les années 70 ». « Et puis malheureusement ils ont périclité », a-t-il regretté. « On n’avait pas suffisamment pris conscience, à Nice, que la conception des studios dans le monde devenait différente. On pensait qu’avec nos studios et nos décors naturels, nous nous suffisions à nous-même et puis on a donné la délégation de service public à des gens qui ont fait des promesses importantes sans avoir la solidité ni l’expérience nécessaires ».


Conférence de presse ©S.G

La ville de Nice, qui avait repris les studios en régie en 2017 et lancé un appel à projets en juillet 2022, a donc veillé à trouver des repreneurs solides et expérimentés. La concession a été confiée à Digital District et à la CCI Nice Côte d’Azur dans le cadre d’une délégation de service public de 35 ans, à partir du 1er septembre.
Le site rénové sera constitué de trois pôles : un pôle tournage (avec notamment un nouveau plateau de 2 000 m2), un pôle entreprise et un pôle formation. Le pôle tournage sera géré par le groupe Digital District Entertainment à travers deux sociétés, Color et Digital District. Color s’occupera de « l’étalonnage, de la gestion des rushes et de la sauvegarde des datas en sortie de tournage » et Digital District sera « plus orienté sur les effets spéciaux numériques », a précisé le fondateur et PDG David Danesi, pour qui les studios de la Victorine sont «  les plus beaux de France ». Il a mis en exergue leur histoire, la proximité de la mer et le fait d’être situés en pleine ville.

Expérience et expertise

3 pôles seront créés ©S.G

«  On va installer nos deux entreprises à la Victorine en jumelage avec ce qu’on fait à Paris. Concrètement, on va continuer ce qui a été lancé ici sur la production de films et de contenus et on va y apporter notre savoir-faire sur les effets spéciaux numériques. On va transformer ces studios en un lieu technologique avec l’utilisation des écrans LED et de l’intelligence artificielle. Nous allons faire venir des équipes pour faire de la 3D, en plus de la rénovation des studios  », a poursuivi David Danesi. De son côté, la CCI Nice Côte d’Azur aura la charge d’exploiter les pôles entreprise et formation, «  forts de notre expérience et de notre expertise dans le domaine de l’entrepreneuriat et de la formation  » et « afin de faire de la Victorine un lieu de référence européenne de l’industrie de l’image en s’appuyant sur un campus dédié à la recherche, la formation et l’innovation  », a déclaré son président, Jean-Pierre Savarino.
Le groupe Digital District va investir 37 millions d’euros sur six ans et la CCI au moins 10 millions d’euros.
La société qui gèrera le nouveau site, qui abritera également les futurs locaux de France 3 Côte d’Azur, a été baptisée Victorine Studios et sa présidence a été confiée à Jessica Bovis, membre élu du bureau de la CCI NCA. « Vous vous rendez compte qu’il y a eu près de 600 jours de tournage l’année dernière dans l’espace public à Nice et 160 jours de tournage ici (aux studios) », a souligné Christian Estrosi. « Et avec ce que le concessionnaire exploitant va aménager, nous aurons les dernières technologies qui permettront d’avoir ici les plus grandes productions. C’était notre objectif et c’est donc un nouveau départ pour la Victorine ».

Digital District, un acteur important des films sur grand et petit écran

David Danesi ©S.G

Le groupe fondé par David Danesi est aujourd’hui implanté en France (Paris et bientôt Nice), en Inde (Mumbai) et en Belgique (Bruxelles). Il offre « des services haut de gamme aux sociétés de production de fictions, publicités et contenus digitaux, à la fois sur le plan national et international », selon un document de présentation à destination de la presse. Digital District est spécialisé dans la post-production, l’étalonnage et les effets visuels. Il attache beaucoup d’importance à « l’innovation, à la responsabilité environnementale et au bien-être au travail ». Ses équipes ont notamment travaillé sur les films « Astérix et Obélix – L’empire du milieu », « Sur les chemins noirs » et « L’abbé Pierre – Une vie de combats », les séries « Cœurs noirs », « La cage » et « Germinal » et pour des publicités Renault, Total, Sonos ou encore Canal+.

La Victorine du futur en quatre chiffres

6 000 m2 de plateau (7 plateaux)
16 000 m2 d’espaces végétalisés
2 400 m2 d’espace dédié à l’entreprise
1 500 m2 d’espace dédié à la formation)
(Source : Digital District Entertainment)

Tournages en hausse à Nice et dans le département

La transformation des studios de la Victorine devrait permettre à la Côte d’Azur d’accroître encore son attractivité dans les années à venir. Selon la Commission du film Alpes-Maritimes Côte d’Azur, l’année 2023 a été très bonne avec 551 tournages, tous formats confondus, qui ont eu lieu dans le département, pour un total de 1 604 jours de tournage, soit une hausse de 6 % par rapport à 2022. L’année dernière, les Alpes-Maritimes ont accueilli 10 longs métrages (« Brûle le sang », « Diamant brut », « Les arènes », « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan », « Monsieur Aznavour », « N’avoue jamais », « Niki », « Pompéï », « Reflet dans un diamant mort », et « The girl I once knew ») et 14 fictions pour la télé ou les plateformes de streaming : « Carpe Diem », « Becoming Karl Lagerfeld », « La maison », « La Peste », « Meurtre aux îles de Lérins », « Nice girls », « Sirènes », « Sulak », « Surface », « Terminal », « The revenge », « The stalker of Venice », « Tout pour Agnès » et « Un été sur la Côte d’Azur ». Et il ne faut pas oublier les tournages de courts métrages, de documentaires et de clips musicaux, ainsi que les publicités (145) et les programmes de flux (156). La Commission du film a indiqué que l’accueil de ces tournages avait généré plus de 62 millions d’euros de retombées économiques en 2023.

Visuel de Une ©S.G

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