Maraîchage : La renaissance du Domaine de la prairie à Aspremont
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 25 mai 2024
Dans notre belle région au foncier si rare et si cher, il est quasiment impossible de s’installer comme agriculteur si l’on ne dispose pas au départ d’un patrimoine familial. Pour permettre la sauvegarde et l’entretien des paysages, ainsi que les circuits courts de produits poussés sur place, des collectivités se sont lancées dans la « sanctuarisation » de terrains à vocation maraîchère ou pastorale. Elles aident à l’installation de jeunes professionnels prêts à s’investir dans ces activités.
Ainsi la municipalité d’Aspremont conduite par Pascal Bonsignore a-t-elle acheté plusieurs « terrains emblématiques » autour du village pour créer une « ceinture verte ». Parmi ceux-ci, le « Domaine de la prairie », situé juste au-dessus de l’école communale. La démarche est d’autant plus méritoire que ces 2,6 hectares auraient pu recevoir une vingtaine de villas. La demande ne manquait pas…
« À mon arrivée en mairie, le dossier était même déjà ficelé, il n’y avait plus qu’à signer » commente le maire. Il leur a préféré une destination agricole, fidèle à sa promesse de campagne des municipales. Une surface de 1,6 hectare est donc consacrée à une exploitation maraîchère en bio, le reste du terrain étant destiné à recevoir ultérieurement une résidence pour seniors. Pour finaliser ce projet, la commune a bénéficié de subventions de la Métropole, du Département et de la chambre d’agriculture, ainsi que de la Région.
Appel à candidature
Cette volonté « agricole » répond à une forte demande des habitants d’Aspremont qui ne trouvent pas toujours en proximité les produits frais de leur alimentation. Pour passer de l’intention à la réalisation, la commune a donc lancé un appel à candidatures pour dénicher le « bon » exploitant qui fera revivre le Domaine de la prairie. Sur les onze dossiers épluchés par la commission d’attribution, celui d’Aurélien Virello a été retenu, grâce à son profil particulier.
Ancien ingénieur dans la région parisienne, il a entrepris une reconversion professionnelle en se formant à Antibes puis en travaillant dans des exploitations de la région, à l’Escarène et à Carros notamment. Le bail signé avec la mairie lui confie pour neuf ans le terrain et la ferme de 160 mètres carrés. Charge à lui de faire pousser des légumes hors-sol et sous serre dans un premier temps, et de relancer en trois ans la culture des oliviers laissés à l’abandon depuis des années.
Avec une vocation pédagogique
Pour lui permettre de travailler dans de bonnes conditions, la municipalité a entrepris des travaux dans la vieille (et superbe) bâtisse avec vue mer.
Au rez-de-chaussée, des salles « techniques » pour stocker et entretenir le matériel, des caves pour la conservation de la production. À l’étage, le logement de l’exploitant qui vivra sur place et sera prochainement réhabilité. Il y aura aussi une salle municipale pour des réunions de sensibilisation au maraîchage et à la biodiversité, des expositions, etc. « Avec la proximité de l’école, nous avons aussi voulu donner une dimension pédagogique à cette ferme » poursuit Pascal Bonsignore. « Les enfants auront des activités avec Aurélien Virello, comme la tenue d’un jardin botanique, de plantes aromatiques, etc. ». En attendant la création d’une petite ferme pédagogique d’ici deux ans.
Cerise sur le gâteau : un forage a permis de remettre en eau le vieux puits du Domaine de la prairie.
Les premières productions seront livrées à la crèche, puis les Aspremontois(es) pourront les trouver sur le marché.
De bons et sains petits plats en perspective !