EXPO : 150 ans de bonnes

EXPO : 150 ans de bonnes « impressions »

Plutôt que de faire venir des toiles du monde entier pour les rassembler en une seule et grande exposition à Paris comme il était tentant de le faire, le musée d’Orsay a préféré essaimer une partie de ses collections dans une trentaine de villes de France pour célébrer les 150 ans de l’impressionnisme. Une façon de partager les pépites de ce mouvement avec le plus grand nombre, de rapprocher les œuvres du public.

Notre région va ainsi bénéficier de ces prêts temporaires. Le musée Bonnard du Cannet va recevoir « La femme aux gants » et « clownesse Cha U Kao » de Toulouse Lautrec. Le musée des Beaux Arts Jules-Chéret de Nice accrochera « Les enfants de Gabriel Thomas  », trois Renoir (paysage de Cagnes, portrait de Mallarmé, et un paysage) et « Les villas de Bordighera » de Monet. Ces emprunts voisineront avec les œuvres des fonds permanents.

Photo de l’oeuvre de Toulouse Lautrec "femme aux gants" 1890 ©JMC

Le tout nouveau musée de Draguignan se voit attribué une toile de Renoir « Étude torse, effet de soleil ». Ajaccio pourra présenter un Monet, Arles un Van Gogh, Marseille un Paul Guigou et un Cézanne dans le cadre de cette dispersion temporaire des collections d’Orsay.
Le cas de Saint-Tropez est à part. Son musée de l’Annonciade possède de longue date des toiles majeures des pointillistes Paul Signac et Georges Seurat, ainsi que des nabis et des fauves. Elles voisinent avec des œuvres de Vuillard, Bonnard, Dufy, Marquet, Derain, Camoin, Braque, van Dongen, Matisse… Avec tous ces artistes en cousinage avec l’impressionnisme, il n’était pas besoin « d’en rajouter ». Le célèbre port varois et la chapelle du XVIe siècle qui abrite cette collection unique constituent à eux seuls une étape majeure sur la route de ce mouvement, un pèlerinage indispensable.

« Une attaque d’apoplexie »

Pour la petite histoire de l’impressionnisme, tout a débuté le 15 avril 1874 dans l’atelier de Félix Nadar sur le boulevard des Capucines. « Les Intransigeants » sont une trentaine. Sont réunis ceux qui vont bouleverser les codes de la peinture : Monet, Renoir, Berthe Morisot, Degas, Pissaro, Sisley,
Cézanne…
Bien sûr, ils ne seront pas compris à leurs débuts, au sortir du style pompier et de l’académisme qui écrasèrent une longue période du XIXe siècle. Un critique, Louis Leroy, écrira par exemple sur Renoir dans Le Charivari : «  Soyez assez aimable pour m’expliquer ce que signifie toutes ces petites taches noires, là en bas. Ce sont des passants qui se promènent (…) Ces mouchetures ont été réalisées de la façon dont on imite le marbre, en faisant des taches comme elles viennent. C’est incroyable, affreux ! C’est à vous donner une attaque d’apoplexie ».

Beaucoup des toiles présentées à l’occasion de cet anniversaire appartiennent à des collectionneurs privés. Nous avons donc rarement l’occasion de les admirer. Certaines ont même traversé l’Atlantique pour participer à cet événement, comme les prêts consentis par la National gallery of art de Washington. Pour des raisons que l’on comprend trop bien, le musée Pouchkine de Moscou garde par-devers lui ses trésors impressionnistes, comme son « Boulevard des Capucines  » de Renoir, qui irrita tant Le Charivari.

Visuel de Une : photo détail de l’oeuvre de Cézanne "Marseille de l’Estaque 1879" ©JMC