Grève : pour la retraite

Grève : pour la retraite de la réforme

Si l’on demande aux avocats comment sortir de la grève qui impacte le fonctionnement des tribunaux, leur réponse sera simple : "retirez purement le projet de réforme des retraites dont nous ne voulons pas parce qu’il est injuste et mortifère pour la profession".

Depuis le début de l’année, la situation n’a pas bougé d’un iota entre d’un côté le gouvernement qui ne veut pas faire machine arrière, et de l’autre les barreaux, unanimes dans leur opposition à cette réforme qui amputerait les retraites des robes noires tout en augmentant leurs cotisations.
Si ce n’est pas une révolution, Mme Belloubet doit faire face à une révolte des professions de justice, d’autant moins enclines à lui faire des "cadeaux" que pour sortir de la crise la ministre a multiplié les maladresses dans ses initiatives et sa communication. Son courrier aux magistrats et personnels de greffe pointant du doigt la responsabilité des avocats dans les dysfonctionnement des juridictions est mal passé, lui attirant une volée de bois vert des syndicats et provoquant à peu près l’effet inverse à celui espéré.
Rebelote avec les deux mails envoyés lundi 24 par son directeur adjoint de cabinet aux quatre grandes conférences qui représentent les chefs de cour et de juridictions qui donnent des "éléments de langage" pour le cas où des chefs de cour ou de juridiction voudraient organiser "un moment d’échange avec les avocats de leurs ressorts sur les problématiques du système universel de retraite, auquel pourraient être associés des parlementaires ainsi que les services du ministère ou du secrétariat". Initiative plutôt malheureuse, qui agace les avocats se sentant l’objet d’une manipulation, et des magistrats peu enclins à ce que l’on dicte leur attitude et leurs "arguments".

Les dossiers s’accumulent

Le fait est que la grève des avocats pèse maintenant lourdement sur le fonctionnement des tribunaux avec le renvoi de plus de la moitié des dossiers. Cela provoquera déjà un retard qui sera bien difficile à rattraper, et si l’enlisement devait durer...
Le gouvernement dispose bien sûr du 49.3 pour imposer sa réforme, y compris aux plus réfractaires, dont les avocats, les notaires, les experts- comptables, les professions libérales en général. Mais après la perte de confiance déjà ressentie, viendraient s’ajouter une frustration et des plaies qui seraient difficiles à cicatriser.
Sur le terrain, les initiatives se multiplient : comme à Nice la lettre ouverte aux parlementaires, la tentative d’occuper la salle des pas perdus pour y passer la nuit, sans préjudice d’autres manifestations de mauvaise humeur.
Les jours qui viennent seront décisifs. Pour les professionnels comme pour la ministre, qui peut encore s’attendre à des retours de flamme...

Photo de Une DR JMC

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