Quand les avocats s'invit

Quand les avocats s’invitent au Cadam...

Depuis le début de la semaine, les avocats azuréens continuent de montrer leur mécontentement face à la réforme des retraites : une couronne mortuaire déposée en grande pompe sur les marches du palais lundi et un clip dans lequel les avocats niçois jettent "aux orties" leur robe noire mardi, et, filtrage des entrées au Cadam jeudi matin dès... sept heures par les avocats des barreaux de Grasse et Nice réunis. Voilà pour la partie visible, destinée à attirer l’attention du public.

Cette série d’actions ne fait que renforcer la révolte qui gronde dans les rangs et s’exprime ouvertement depuis trois semaines. Elle se traduit aussi par les renvois des dossiers devant le tribunal correctionnel et des reports de procès.

Ces actions posent évidemment des difficultés pour le fonctionnement de la machine judiciaire : le délai de traitement des affaires se fait sentir, il y aura surcharge des audiences dans les mois à venir.
En coulisses aussi, on s’agite autour de ce dossier. Le bâtonnier de Nice, Thierry Troin, et le vice-bâtonnier, Nathalie Beurgaud, se sont entretenus cette semaine, avec le maire de Nice Christian Estrosi pour lui exposer les difficultés prévisibles des avocats du barreau si la réforme devait être adoptée telle quelle. L’élu a rédigé une lettre à l’intention de la ministre de la justice Nicole Belloubet et du Premier ministre Édouard Philippe : "Mes interlocuteurs m’ont exprimé leur crainte de voir disparaître un grand nombre de jeunes avocats qui ne pourraient pas supporter le règlement d’une cotisation de 11 200 euros.[...] Surtaxer les forces vives du barreau est illogique" écrit le président de la Métropole, mettant aussi en avant la place déterminante de la profession au sein du système judiciaire. "Pour toutes ces raisons, je vous remercie de l’attention qui sera portée aux demandes des barreaux de France pour le maintien d’un système équilibré".

"Coucou, on est là..."

Comme depuis le début du mouvement, le barreau de Grasse est aussi monté au créneau. Et de façon spectaculaire, en barrant jeudi matin avant le lever du jour l’accès du Cadam à Nice ouest avec les collègues niçois. Bravant le froid, en robes, avec banderoles et pancartes, les avocats ont pu s’entretenir avec les personnes venant travailler à la préfecture et avec le public. Motivés, certains étaient descendus de la cité des parfums en covoiturage... Une délégation devait être reçue en fin de matinée en préfecture.

À Toulon, Draguignan, Marseille, Avignon, la mobilisation ne faiblit pas tandis qu’au niveau national le CNB maintient lui aussi la pression. La grève va continuer (Nice l’a déjà votée jusqu’à lundi prochain, avant une nouvelle AG). Les heures qui viennent s’annoncent décisives alors que doit être présenté ce vendredi 24 la loi ordinaire (141 pages, 64 articles et cinq grands titres : les principes du système universel de retraites, équité et liberté dans le choix de départ à la retraite, un système de retraite à la solidarité renforcée, une organisation et une gouvernance unifiée pour responsabiliser tous les acteurs de la retraite, dispositions finales) et une loi organique pour l’encadrement financier des dispositions.
Normalement, le vote de la loi est prévu d’ici l’été...

Cent cinquante avocats du barreau de #Nice et Barreau de Grasse filtrent l’entrée du Cadam depuis 7 heures ce jeudi matin (DR JMC)
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