Entre les grands principe

Entre les grands principes et la (triste) réalité...

Le passé rattrape toujours... L’écrivain Gabriel Matzneff, prix Renaudot en 2013 (catégorie essai), ne dira pas le contraire lui qui, comme un pied de nez involontaire mais prémonitoire, avait aussi été couronné du prix du... "Livre incorrect" en 2015. Mais depuis la reconnaissance de ses pairs et les honneurs des plateaux télé, Vanessa Springora est passée par là. Dans "Consentement", elle raconte l’emprise psychologique dans laquelle l’écrivain, pédophile revendiqué, l’avait engluée jusqu’à en faire sa chose lorsqu’elle était adolescente.
Scandale. Prise de conscience collective bien tardive, malgré des descriptions pourtant explicites dans le journal du vieil homme.
Antoine Gallimard a retiré de la vente le journal de Matzneff. D’autres éditeurs lui emboîtent le pas.
Des décisions exceptionnelles, n’ayant rien à voir avec une quelconque censure, mais qui envoient dans l’enfer de nos bibliothèques des écrits qui sont en eux-mêmes davantage choquants que scandaleux. En attendant d’être jugé par la justice des hommes, Matzneff est donc désormais à sa juste place, dans la rubrique "faits divers" qui mériterait plutôt le titre de "faits de société", tant sa déviance sexuelle pourtant affichée est restée tolérée au nom de la liberté d’expression, au su de ses lecteurs.

Son cas est à dissocier de celui de Roman Polanski, grand cinéaste et grand séducteur, accusé lui aussi de turpitudes remontant à quelques dizaines d’années. Des mouvements de bien-pensance ont appelé au boycott de son dernier film "J’accuse". Les manifestations organisées devant les cinémas n’ont réussi qu’à créer une énorme publicité, plaçant ce long métrage en tête du box office pour le mois de novembre. Libre à chacun d’avoir une opinion sur le "cas" Polanski, mais son film ne constituait en aucun cas une apologie de crimes, bien au contraire. Et cela fait toute la différence entre le cinéaste et l’écrivain.

Faut-il rapatrier les djihadistes  ? La question semblait être réglée depuis longtemps, la France ayant toujours affirmé qu’ils devaient être jugés sur les lieux de leurs crimes. Ce week-end, dans les colonnes du journal Libération, Nicole Belloubet a cependant évoqué un possible retour de ces deux cents Français détenus par les Kurdes puisqu’il n’est pas "possible" de les juger sur place en Syrie ou en Irak. Pour la ministre, pas question de prendre "le risque d’une dispersion dans la nature". Reste aussi en suspens le cas des enfants - ils seraient trois cents, dont beaucoup ont moins de cinq ans - qui se trouvent dans des conditions difficiles (euphémisme) dans des camps de réfugiés.
Patate chaude, entre grands principes et réalité...

deconnecte