Mais souriez donc, (...)

Mais souriez donc, vous êtes filmés...

Celles et ceux qui raffolent de se prendre à tout bout de champ en "selfie" devraient aller faire un tour en Pologne : ce pays a en effet déjà mis en place une application qui permet de se géolocaliser pour prouver que l’on est bien à la maison et que l’on respecte la quarantaine. En voilà une idée formidable ! Pour plus de sûreté, elle est même couplée à de la reconnaissance faciale automatisée pour être bien sûr que des petits malins ne s’échappent pas par la porte de derrière afin d’aller s’envoyer une vodka au bistrot du coin, tout en laissant croire qu’ils sont dans la salle de bain.

Mais ne riez pas trop : les Telecoms italiens travaillent avec le gouvernement de la Péninsule pour détecter les mouvements des personnes infectées. En Allemagne Deutsche Telekom fournit des données anonymisées aux autorités pour suivre les déplacements. Aux US Google et Facebook sont mis à contribution sur ces mêmes sujets.

Et en France ? On "y pense", même si ce genre de plaisanterie devrait être juridiquement plutôt lourd à mettre en place. Merci qui ? Merci à la CNIL entre autres, et au RGPD aussi, qui sont nos protection FFP2 contre des intrusions massives dans nos vies privées. Cédric O, ci-devant secrétaire d’État au numérique, reconnaît que pour le traçage par smartphone nous sommes "en phase d’audit" afin "d’évaluer les outils"…

Ah, cette technologie sensée nous protéger de tout, sauf du Covid 19. Beaucoup d’optimistes ne voient aucune limite ni restriction au nom du progrès, d’un avenir radieux, pour atteindre peut-être la fin de nos petites misères de Terriens. Les caméras de vidéo surveillance reliées au centre de supervision permettent déjà aujourd’hui aux forces de l’ordre d’aller "dissoudre" des petits groupes de gens réunis en dépit des règles sanitaires, des drones (et parfois des hélicoptères) survolent la ville. Faut-il encore en rajouter ?

Mais des applications de surveillance "à la polonaise" couplées à de l’intelligence (?) artificielle posent des problèmes de fond sur nos libertés, même pour d’aussi bonnes raisons que la lutte contre la propagation de l’épidémie. En Russie, une société a ainsi mis en service pour les autorités un programme de reconnaissance faciale qui fonctionne avec les caméras de vidéosurveillance de la ville, et ce même si le visage est à moitié recouvert. Les premières amendes automatiques arrivent chez les Moscovites qui ne respectent pas le confinement. On voit d’ici les risques de détournement de ce système.
Aucun risque cependant de voir débarquer ici en France cette reconnaissance faciale imaginée par les Russes : pour la bonne raison que la population n’a toujours pas de masques de protection pour se couvrir la moitié de la face…

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