Il faut sauver le soldat

Il faut sauver le soldat Renault

"Renault peut disparaître, les grands constructeurs industriels peuvent disparaître, il faut être lucide. Je n’ai jamais caché la gravité de la crise, et je ne cache pas la gravité de la situation de Renault". Non, ce n’est pas Philippe
Martinez, délégué général de la CGT, qui s’exprime ainsi comme Cassandre, mais le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. à qui on ne saurait faire le reproche de vouloir cacher sous le tapis la gravité de la situation.
Actionnaire à 15% du constructeur au losange, l’état a déjà fait son devoir en versant au pot 5 milliards, ou plus exactement en s’apprêtant à garantir un prêt bancaire, bouée de sauvetage indispensable dans un marché auto en naufrage (-88% de ventes en mai !).
Le Maire ne veut pas désespérer Flins et encore moins Sandouville, à quelques kilomètres du Havre, dont un certain Édouard Philippe est premier magistrat et candidat à sa succession. Le grand argentier veut croire au rebond de cette entreprise, emblématique pour les Français, qui a longtemps rythmé la vie sociale du pays.
Comme pour Air France, il veut que Renault s’engage dans une direction plus respectueuse de l’environnement. Il assortit les aides publiques à ces bonnes pratiques à venir. Concrètement, cette crise sera le top départ de la voiture électrique.
Les ingénieurs du technocentre de Guyancourt ont porté au plus haut niveau international les technologies de pointe, et si Renault et PSA ont ces dernières années laissé à d’autres la pôle position des véhicules électriques, ils sont tout à fait en capacité de recoller la tête de la course. Avec la Zoé, rondouillarde et sympa, le constructeur a déjà acquis une expérience qu’il faut maintenant capitaliser.
La vertu écologique doit aussi s’accompagner d’une "localisation en France des activités technologiques les plus avancées". Et de façon idéale, dans un monde qui ne l’est pas, d’un nouvel enracinement dans le pays des chaînes de fabrication.
La présente crise bouscule tous les repères. Les optimistes y voient une occasion de préparer le fameux "monde de demain" parce que plus rien ne pourra être comme avant. Les pessimistes scrutent la hauteur de la montagne à gravir, la brutalité de la pente, le caillou dans la chaussure, et ne voient pas vraiment pourquoi on réussirait mieux alors que les conditions n’ont jamais été aussi difficiles depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Contact, en route pour de nouvelles aventures : c’est sûr, on ne va pas s’ennuyer dans les mois qui viennent, en espérant éviter les sorties de route...

J.-M. CHEVALIER

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