1ère édition des Victoires

1ère édition des Victoires du Paysage : le Conseil Général des Alpes-Maritimes lauréat d’or pour la route départementale 6202 bis !

  • le 11 décembre 2008

C’est dans le cadre prestigieux du Grand Amphithéâtre
du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris
que M. Christian ESTROSI, Président du Conseil général des Alpes-Maritimes, a reçu la Victoire d’or pour la Route Départementale 6202 bis
dans la catégorie Communautés de Communes, d’agglomérations, régions, départements.

- A l’initiative de sa Commission des Métiers du Paysage, Val’hor, l’interprofession nationale de la filière horticulture et paysage, a lancé au mois de mai les premières Victoires du Paysage. L’objectif de ce concours est de promouvoir le paysage dans les projets d’aménagement ou de construction et d’inciter les décideurs
privés et les élus à la prise en compte effective du végétal dans leurs projets.

- Les Victoires du Paysage récompensent les maîtres d’ouvrage (les entreprises, les particuliers et les
collectivités publiques) qui ont fait appel aux professionnels du paysage : architectes paysagistes pour la
conception, entreprises du paysage pour la mise en oeuvre, et pépiniéristes pour la fourniture des végétaux.
En juillet dernier, le jury a présélectionné les espaces paysagers qui ont fait l’objet d’une visite durant l’été. Le
1er octobre, les jurés se sont réunis à Paris afin d’établir le palmarès dans chaque catégorie. Au final, 18
maîtres d’ouvrage ont été récompensés hier, mardi 9 décembre, lors de la soirée de remise des prix.

VICTOIRE D’OR DANS LA CATEGORIE COMMUNAUTES DE COMMUNES, D’AGGLOMERATIONS, REGIONS, DEPARTEMENTS

- MAITRE D’OUVRAGE : CONSEIL GÉNÉRAL DES ALPES MARITIMES
POUR LA ROUTE DEPARTEMENTALE 6202 BIS
- Architecte Paysagiste : Agence Alain Faragou
- Entrepreneur du Paysage : Millet Paysage Environnement, en groupement avec Damiani Frères & Azur
- Paysage, et Delattre Arrolight Service
- Pépiniéristes : Pépinières Jean Rey, Pépinières Soupe

 ? À nouvelle voie, nouveau paysage, ou comment faire d’un axe routier un espace paysager que
l’automobiliste peut découvrir au gré de sa vitesse ! C’était le pari de l’aménagement paysager de cette route
départementale des Alpes-Maritimes avec des enjeux forts : mettre en perpétuelle relation la route, les
collines provençales, les berges du Var et les villages perchés, mettre en valeur la vallée du Var et en
respecter l’histoire, créer un point de liaison entre les rives gauche et droite du Var.

Des oliviers ont été plantés

C’est ainsi que la route départementale 6202 bis s’est transformée en jardin paysager intégré à son environnement, à forte valeur esthétique, écologique et culturelle. L’emprunter est devenu un moment de
bonheur, propice à la découverte, grâce à des séquences paysagères mises en alternance qui se calent, tous
les 1000 mètres, aux rythmes des seuils du fleuve : se succèdent des ouvertures visuelles de 300 m sur la vallée et les paysages, puis des fermetures végétales, chaque séquence étant scandée par une éolienne qui permet l’irrigation des plantations.
La palette végétale a été choisie en fonction de son adaptation aux conditions climatiques et aux conditions
du sol de la région, et à l’image de la végétation indigène.
C’est bien conçu, intelligent, bucolique, et place est également laissée au vélo puisqu’une piste cyclable a été
créée en arrière de la voie et est devenue un itinéraire très fréquenté de promenade.
Parfaitement intégré à son environnement, cette implantation s’impose comme une réalisation à valeur
esthétique, écologique et culturelle.

RENCONTRE AVEC LE LAUREAT D’OR

 ? 3 QUESTIONS A CHRISTIAN ESTROSI - DEPUTE-MAIRE DE NICE, PRESIDENT DE LA COMMUNAUTE
D’AGGLOMERATION NICE-COTE D’AZUR ET PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL DES ALPES-MARITIMES

-  Comment vous est venue l’idée de faire d’un axe routier un espace paysager ?
Le Département des Alpes-Maritimes est riche de son patrimoine naturel dont il appartient à chacun de
préserver la qualité et en premier lieu au décideur public que je suis. La basse vallée du Var figure au rang
des espaces naturels dont il est essentiel de préserver l’équilibre par un développement maîtrisé et
harmonieux. Les grands équipements et infrastructures indispensables au développement économique de la
métropole azuréenne et au dynamisme des stations de sports d’hiver de l’arrière-pays niçois ne doivent pas
s’inscrire en contradiction mais en cohérence avec le respect de l’environnement. Tel est concrètement
l’enjeu du développement durable qui doit passer du concept à la réalité. J’ai souhaité et obtenu que cette
vallée soit inscrite au titre d’Opération d’Intérêt National et que cette « éco-vallée » soit exemplaire en termes
de développement durable.
La réalisation de la route départementale 6202 bis, dont le Conseil général des Alpes-Maritimes a repris la
maîtrise d’ouvrage au 1er janvier 2006 à la suite de la décentralisation, devait bien entendu être une
réalisation d’une qualité exemplaire en matière d’intégration paysagère et de valorisation de ce territoire
remarquable.

- Pour vous il est parfaitement possible qu’une route soit esthétique, qu’elle fasse partie d’un territoire et
qu’elle le mette en valeur ?

- La route ne doit en aucun cas marquer une fracture sur un territoire. L’usager doit pouvoir, par sa conception
paysagère, l’oublier pour apprécier le paysage traversé. La route fait partie intégrante de l’histoire d’un
territoire qu’elle apprivoise pour relier les hommes.
La RD 6202 bis, en doublant la RD 6202, s’inscrit dans l’histoire de la « Route des grandes Alpes » entre mer
et montagne.
En effet, à la suite de l’annexion à la France de la Savoie et du Comté de Nice en 1860, l’état-major français
et le génie militaire ont construit les chaussées qui ont ouvert les cols des Alpes du Sud. Ce vaste programme d’aménagement routier a permis au Touring club de France d’assurer la promotion de la « voie
touristique la plus remarquable dont la France puisse se glorifier » de Nice à Chamonix en passant par
Puget-Théniers, Guillaume et Barcelonnette.

- Ces étapes ponctuent l’itinéraire grâce auquel tout un chacun
peut découvrir les grandioses panoramas des Alpes à quelques kilomètres de la mer. Faire la « route des
Alpes » est depuis lors un rendez-vous incontournable du tourisme européen.

- Voie de communication essentielle pour le département, dont l’aménagement paysager souligne et poursuit
l’oeuvre de mise en valeur du patrimoine écologique, culturel et artistique témoignant de la richesse et de la
diversité des Alpes-Maritimes. Je tiens à remercier à cet égard le cabinet Alain Faragou et les entreprises qui
ont su, par leur savoir-faire et leur travail, répondre à mon souhait environnemental.

- Comment les utilisateurs, et d’une façon générale la population, a-t-elle reçu une telle réalisation environnementale ?
- L’aménagement de cette infrastructure respecte le souci de la population que je représente de préservation
de sa qualité de vie et de son territoire.
La population a d’ailleurs été associée à la réalisation de cette route depuis la concertation initiale jusqu’à son
inauguration tant attendue. Je pense avoir répondu à leurs attentes et continuerai à le faire dans le cadre de
la poursuite de l’aménagement de « l’éco-vallée » dont chacun pourra être fier.

3 QUESTIONS A ALAIN FARAGOU – ARCHITECTE PAYSAGISTE

- Vous avez travaillé sur un projet tout à fait original. Comment fait-on d’une route (souvent considérée comme une blessure dans le paysage) un élément esthétique et intégré ?

- Il est vrai que l’implantation d’une route peut être ressentie comme une blessure dans le paysage, soit parce
que les conditions de son insertion n’ont pas fait l’objet d’une réelle volonté, soit même que
l’accompagnement paysager réalisé se résume très souvent à un décor plus ou moins réussi, plus ou moins
kitch, si bien que le maquillage ne peut faire oublier ni la cicatrice routière, ni la banalisation du paysage, ni
même l’absence d’identité contemporaine.
Pour la RD 6202 bis située dans la vallée du Var, les grandes
lignes du projet paysager se résument à trois idées-forces :
- intégrer ce nouvel axe dans ses caractéristiques géographiques, historiques et paysagères,
- affirmer cet itinéraire comme un nouveau lieu de perception tout en lui inventant sa propre
modernité et son propre vocabulaire,
- sublimer le paysage en intégrant des oeuvres d’art conçues spécifiquement pour le lieu.
. Par quels moyens l’avez-vous transformée en jardin paysager ?
Cette transformation s’est faite à deux échelles :
- la première : celle de l’automobiliste – échelle cinétique, car c’est la vitesse qui devient le vecteur de la
découverte et non plus le cadrage. Pour cela, nous avons découpé l’itinéraire de 20 km dans la vallée
traversée à la manière d’un film en séquences kilométriques se calquant sur le rythme des seuils
hydrauliques.

- Les 7 séquences de la section réalisée sur 8 km ont elles-mêmes été subdivisées, côté fleuve,
en parties : ouvertes et fermées qui permettent soit de découvrir le grand paysage - c’est à dire les collines
provençales et du Comté de Nice, mais aussi les villages perchés -, soit de longer dans les parties fermées
les masses végétales caduques et ondulantes semblant remonter du lit du fleuve.
Pour ce qui concerne le côté opposé, c’est-à-dire côté terre, le parti adopté est celui du défilement de grands
aplats de couleur de 60 m, évoluant au rythme des saisons, dessinés en symbiose avec le parcellaire
agricole de la vallée, et soulignés par un alignement d’oliviers Cailletier. Seules les coupures vertes de
végétaux persistants, correspondant au rythme irrégulier des vallons transversaux, perturbent volontairement
le scénario.
- la seconde : celle des habitants et des utilisateurs - échelle statique, à partir des points d’observation
dominants du paysage, il fallait que cet aménagement entre en résonance avec la vallée toute entière tout en
minimisant la prégnance des rubans de bitume de la route.
L’utilisation des galets pour réaliser les soutènements paysagers, l’utilisation des deux grands systèmes
vivants : la végétation ripisylve (*) côté fleuve et des jardins méditerranéens de la plaine agricole côté terre ont prolongé l’effet de glissement dans le grand paysage et, au final, font croire que l’aménagement a
toujours été là.

- Ne peut-on pas dire qu’il s’agit d’un aménagement paysager complet (éolienne, piste cyclable, séquences paysagères…) dans lequel vous avez intégré une route ?

- Cette inversion est intéressante et paradoxale, car dans votre question, il s’agirait de fabriquer d’abord un
paysage avant d’y intégrer le projet ! En réalité, un paysage réussi est toujours le résultat d’une synthèse
réussie. Cette synthèse est plurielle.
Environnementale : car aujourd’hui, cette dimension est incontournable, l’utilisation de l’énergie éolienne, la
constitution de sol sans apport extérieur, la lutte contre l’érosion, la mise en culture de palettes végétales
adaptées aux conditions climatiques, la consommation en eau d’arrosage sont autant de pistes dans la
conception de nos projets. Les éoliennes que j’ai imaginées ont fait beaucoup parler, à la fois pour leur
design et pour leur utilité ; mais j’aime à répondre que ce sont à la fois des fonctions formelles et des formes
fonctionnelles.
- Culturelle, car un projet de paysage doit d’abord s’inscrire dans la géographie et dans l’histoire. Il reste
ensuite à l’architecte paysagiste à imaginer concrètement, à inventer un avenir et, comme le peintre ou le
sculpteur, à « faire voir autrement ».
Temporelle, car c’est le temps qui accuse ou récuse tout projet et en particulier les projets de paysage pour
lequel le « vivant » a une très grande place. Pour le projet de la RD 6202 bis, le choix de chaque espèce
végétale, l’adaptation au milieu et aux conditions d’entretien ont été déterminés aussi en tenant compte de
leur évolution dans le temps : c’est la quatrième dimension du projet de paysage.
- Économique, car il faut respecter les budgets, adapter les techniques, faire respecter les fondamentaux du
projet sans lâcher prise et quelquefois en prenant des risques.
Humaine, car il n’y a pas de projet sans client pour l’initier, sans entreprises pour le réaliser.
- L’architecture et l’architecture du paysage s’inscrivent, à la différence des autres arts, produits par la main
unique de l’artiste, dans un ensemble de réalités et ce, depuis l’utilisateur jusqu’à l’entreprise en passant par
le maître d’oeuvre et le maître d’ouvrage.
Notre art doit être et ne peut être que contextuel. C’est ce que traduisent les iconographies illustrant nos
oeuvres : des aménagements qui dialoguent avec l’architecture et l’environnement, qui invitent le soleil, dans
sa course, à décliner sa lumière de l’ombre au cagnard, qui cultivent la subtilité des rapports entre le dedans
et le dehors, l’apprivoisé et le sauvage, et des lieux respectueux des hommes. Loin des monuments posés
« in abstracts », loin du paysage consommé et passif, nos projets revendiquent une qualité au quotidien, une
humilité riche d’ambitions.
(*)Végétation qui affectionne les bords des eaux.

Autre lauréat dans cette catégorie :

- VICTOIRE D’ARGENT
- Maître d’ouvrage : Conseil Général de Saône-et-Loire - 71
- Pour : Le hameau de Brancion
- Architecte Paysagiste : Bertrand Rétif Itinéraire Bis Paysage
- Architecte urbaniste mandataire : Atelier Cairn
- Bureaux d’études : Cap vert Ingenierie, Atelier Cairn
- Entrepreneur du Paysage : ISS Espaces Verts (St Appolinaire)
- Pépiniériste : Pépinières Soupe

- Retrouvez l’ensemble des lauréats sur le site : www.lesvictoiresdupaysage.com.

- A propos de Val’hor :
Depuis 1998, Val’hor est reconnue par les pouvoirs publics comme l’interprofession nationale de la filière
horticole.
Val’hor réunit 50 000 entreprises, réalisant plus de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représentant 150
000 emplois. Elle rassemble les organisations professionnelles des secteurs de la production, de la
distribution et du commerce horticole, ainsi que du paysage et du jardin.
Val’hor s’est donné pour mission de répondre aux nouveaux enjeux de l’horticulture ornementale française à
travers 4 objectifs :
1) Développer les marchés en renouvelant l’image du végétal auprès des différents publics ;
2) Pérenniser les entreprises en assurant la promotion des métiers de l’horticulture ;
3) Anticiper les besoins en investissant dans la recherche-développement ;
4) Représenter et défendre la filière française dans son ensemble auprès des pouvoirs publics.

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