Traitements et recyclage

Traitements et recyclage des déchets : une priorité urbaine

Le développement de la société de consommation dans les pays industrialisés a généré des masses de déchets dont la destruction par incinération pose un problème écologique de plus en plus crucial pour la planète. Déchets urbains : comment réduire leur production et les recycler ? Tour d’horizon

Dans les 20 dernières années, la quantité de déchets municipaux par habitant des pays industrialisés a presque triplé. Elle est, en moyenne, de 475 kilos par an et par personne. Les Pouvoirs publics et les professionnels du secteur se mobilisent depuis quelques années afin de trouver des solutions innovantes efficaces permettant d’enrayer ce phénomène. Parmi les Collectivités les plus dynamiques de l’hexagone, la région PACA et la Corse. Explications et témoignages…

Un train de réglementations à la hauteur des enjeux

« Est un déchet tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon », selon l’article L 541-1 du Code de l’environnement. Ces déchets peuvent être d’origines diverses : industrielle, artisanale, domestique...

En Europe, plus d’1,8 milliards de tonnes de déchets sont générés chaque année, soit 3,5 tonnes par personne. Un montant qui augmente plus rapidement que le PIB et dont moins d’un tiers est recyclé. En moyenne, chaque citoyen européen a généré 460 kg de déchets municipaux en 1995, 520 kg en 2004, et une nouvelle augmentation à 680 kg est prévue d’ici 2020 : soit un accroissement de près de 50% en 25 ans, principalement attribuable à une croissance soutenue de la consommation privée finale et à la poursuite des modes de consommation actuels.

En matière de gestion des déchets, l’Europe définit 5 priorités : prévenir la production de déchets en favorisant notamment des emballages moins volumineux, préparer les déchets en vue de leur ré-emploi, les recycler, les valoriser autrement (par exemple utiliser les déchets verts comme engrais) et en dernier ressort, éliminer les déchets de façon sûre et respectueuse de l’environnement. La Directive européenne du 20 juin 2008, fixe de nouveaux objectifs dont le recyclage de 50% des déchets ménagers d’ici 2020.

La France de son côté produit 27 millions de tonnes d’ordures domestiques auxquelles il faut ajouter les déchets industriels et agricoles. Le « Grenelle de l’environnement » a permis, dès fin décembre 2007, lors de la table ronde consacrée à la gestion des déchets, d’aboutir aux principales décisions suivantes : l’application d’une tarification incitative obligatoire, s’appuyant sur une REOM (redevance d’enlèvement des ordures ménagères) ou une TEOM (taxe d’enlèvement des ordures ménagères) avec une part fixe et une part variable laissée au libre choix des collectivités, cette dernière réforme intervenant dès la loi de finances 2009.

Cette tarification sera mise en place parallèlement au renforcement de la prévention des déchets via la responsabilité élargie des producteurs. Une façon d’utiliser la fiscalité pour taxer les produits fortement générateurs de déchets, lorsqu’il existe des produits de substitution avec les mêmes fonctionnalités. Et de renchérir progressivement et de façon lisible le traitement afin de favoriser la prévention et le recyclage des déchets.

Par ailleurs, l’augmentation de la taxe sur les décharges (TGAP) et la création d’une taxe sur les incinérateurs, modulée en fonction de l’efficacité environnementale et énergétique, s’effectueraient selon un calendrier progressif et lisible sur plusieurs années. Des simulations porteront sur des taux respectifs de 10 euros et 5 euros par tonne pour l’incinération (modulation en fonction de l’efficacité énergétique) et de 40 euros et de 20 euros pour le stockage.

Eco-citoyenneté, le geste qui sauve…

Des efforts considérables sont déployés par les élus pour sensibiliser leur électorat à une éco-citoyenneté croissante, d’autant plus que les objectifs du Grenelle de l’Environnement sont très clairs. Efforts payants s’il en est comme en attestent les résultats obtenus. Ce sont ainsi 142 000 tonnes d’emballages ménagers (boîtes de conserve en acier, canettes en aluminium, briques alimentaires, bouteilles et flacons plastiques, bouteilles et bocaux en verre, journaux-magazines) qui ont été recyclées en 2007 sur les régions PACA et Corse grâce au tri sélectif.

Et autant de matières premières et de ressources énergétiques ainsi économisées. Chaque tonne de carton recyclée permet l’économie de 48 m3 d’eau, tandis que chaque tonne de bouteilles et flacons plastiques recyclée évite l’extraction de 620 litres de pétrole et de près de 250 m3 de gaz naturel.

Le recyclage des emballages en 2007 sur la région a permis d’économiser concrètement l’équivalent des émissions domestiques de CO2 (gaz à effet de serre) d’une ville comme Nice pendant six mois, ainsi que l’équivalent de la consommation d’énergie des habitants d’Ajaccio pendant un an.

Autre atout indéniable : ce recyclage a donné naissance à de nouveaux produits. A titre indicatif, 13 200 tonnes d’acier ont permis la fabrication de 19 000 voitures ; 600 tonnes d’aluminium celle de plus de 175 800 vélos ; 24 000 tonnes de cartons ont favorisé la conception de 99 millions de boîtes à chaussures ; 10 800 tonnes de bouteilles en plastique ont fourni 244 000 bacs de collecte et 93 200 tonnes de bouteilles en verre ont produit 207 millions de nouvelles bouteilles.

Ce sont ainsi des matières premières et des ressources énergétiques importantes économisées, soit plus de 10% de la quantité d’emballages triés par les habitants des régions PACA et Corse.

« Ce résultat est le fruit de l’implication croissante des habitants et des actions de proximité menées par les collectivités locales. Une communication de proximité renforcée en 2007 puisque les collectivités de PACA et de Corse ont recruté 80 nouveaux ambassadeurs du tri qui vont au contact direct des habitants, en leur donnant toutes les clés pour mieux trier :

4,7 millions d’habitants ont ainsi été desservis par le tri fin 2007 » confirme Vincent Ochier, responsable régional de la société Eco-Emballages Sud-Est, fondée en 1992. 104 collectivités locales partenaires bénéficient d’une expertise technique et des soutiens financiers de la société.

Une action exemplaire qui a induit 30 kilos d’emballages recyclés par habitant dans l’année et plus de 10 000 tonnes de plastiques recyclées, soit 6,8 millions de litres de pétrole économisés ! Symbole depuis 1993 de cet engagement collectif pour la protection de l’environnement et le développement durable, le « Point vert », présent sur plus de 95 % des produits de grande consommation.

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