Aérien : de vols en (...)

Aérien : de vols en vol

339 millions d’euros d’amende pour « pratiques anticoncurrentielles ». Telle est la sanction infligée par la Commission européenne à Air France, sur une prune totale de 799 millions imposée aux compagnies aériennes qui avaient conclu une entente sur leurs tarifs de fret. Ce n’est pas donné. Mais pour la Commission, faire entrave à la concurrence, c’est apostasier les évangiles du Marché. Un péché mortel. Accessoirement, cette lourde pénalité mettra un peu de beurre dans les épinards budgétaires de Bruxelles, qui aimerait bien lever un impôt européen pour améliorer son ordinaire. Sans grand succès jusqu’à maintenant. Le gouvernement français, gardien de la participation de l’Etat dans Air France, s’est dit « effaré » par la cherté d’une sanction susceptible de plomber ses dividendes futurs. D’accord : ce n’est pas bien de tricher. Mais il suffisait de tancer vertement les compagnies sans être obligé de les étriller, n’est-ce pas ? Quand vous oubliez de payer vos impôts, est-ce que le Trésor vous taxe ? Mais non : il se contente de vous faire les gros yeux.

Et l’injustice flagrante ne s’arrête pas là : « La décision prise par la Commission est, de surcroît, discriminatoire car elle dispense de poursuites les compagnies aériennes qui, tout en étant à l’origine de l’affaire incriminée, ont dénoncé leurs concurrentes » dit notre Secrétaire aux Affaires européennes. Ah bon, c’est rentable de cafter ? Alors allons-y. Le billettiste avait, pour son malheur, réservé un vol intérieur (assuré par Air France, du reste), au moment où le nuage volcanique obscurcissait les cieux. Fort aimablement, son courtier en ligne habituel, Opodo pour ne pas le nommer, lui fit part de l’annulation du vol et de la procédure de remboursement. C’était au mois d’avril dernier. Le vol n’a pas eu lieu. Le remboursement non plus. En dépit des multiples relances restées sans réponse. Faire du contentieux ? Pour le montant de l’enjeu, l’avocat indique qu’il peut inscrire le nom sur le dossier. Mais pas l’instruire. Alors peut-être faut-il saisir la Commission européenne : sans pour autant revendiquer 339 millions d’indemnités, le signataire pourrait obtenir de quoi concocter la soupe aux truffes de Bocuse qu’il a promise à ses amis. Ce serait justice : à moins que l’on n’ait mal compris le cœur du métier, être spécialiste du transport aérien n’implique pas nécessairement de voler ses clients.

La recette du jour

A la fortune du pot Opodo

Vous souhaitez vous enrichir rapidement : devenez courtier internet en ce que vous voulez. Si vous faites dans la volaille, invoquez la grippe aviaire pour ne pas livrer ; si vous choisissez le vin, accusez le phylloxéra ; si vous vendez du transport aérien, dénoncez les nuages volcaniques. Restez sourd aux demandes de remboursement. Avant que la Commission européenne ne vous condamne, vous aurez pu dévaliser toutes les truffières périgourdines.

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