Ben Bernanke adepte (...)

Ben Bernanke adepte de John Law

Petit quiz d’actualité. Qui a dit : « La monnaie est dans L’Etat ce que le sang est dans le corps humain : sans l’un, on ne saurait vivre ; sans l’autre, on ne saurait agir » ? Eh bien non, ce n’est pas Ben Bernanke, le patron de la FED. Qui pourtant ne renierait en rien ces propos, après l’énorme transfusion d’hémoglobine verte qu’il a déjà administrée aux Etats-Unis, et qu’il s’apprête à poursuivre sous les critiques grandissantes du monde entier. L’auteur de cette métaphore remarquable n’est autre que le génial inventeur du système financier moderne, John Law, dans son essai intitulé Considérations sur le Numéraire et le Commerce. C’est en France que fut expérimenté le premier système de monnaie fiduciaire institutionnelle : le billet de banque originellement gagé sur l’or, puis gagé sur des promesses et enfin gagé sur du flan. Avant d’affronter la débâcle et acquérir une moindre valeur que le papier à tapisser les illusions perdues. Comme Bernanke, Law était un bon matheux ; comme Ponzi, un passionné des martingales qu’il éprouva sur les tables de jeu ; comme Madoff, un entrepreneur roublard et convaincant. Avant ses illustres successeurs, il fit la preuve qu’un dogme, aussi foireux soit-il, demeure valide tant que la foi qu’il suscite reste intacte parmi ses adorateurs.

Les temps présents ne manquent pas de similitudes avec le premier quart du XVIIIe siècle français. Sans doute Bernanke n’est-il pas plus dans l’erreur que John Law en soutenant que l’argent est le sang du commerce, le fluide de l’échange vital. Sans doute est-il défendable, voire salutaire, de transfuser de l’argent synthétique dans le corps économique lorsque l’activité est anémique. Afin de catalyser les échanges qui remettent la machine en mouvement. L’argent créé est ainsi une avance d’énergie. Mais dont il faut pouvoir détruire la fraction excédant les nouvelles richesses tangibles qui auront été produites. C’est là le hic. Faute pour la Compagnie des Indes d’avoir pu générer les richesses attendues, l’argent surnuméraire créé par Law ne fit que s’accumuler dans le cours coté de la Compagnie, et dans les dividendes fictifs que la multinationale de l’époque versait à ses actionnaires. Tout comme aujourd’hui, où toutes les valeurs cotées s’envolent : la « richesse » ainsi créée provient essentiellement de l’augmentation du prix d’actifs existants, et de la distribution de bénéfices virtuels : il faut bien que le torrent d’argent américain se déverse quelque part. Lorsqu’il demanda la conversion en métal de ses actions de la Compagnie des Indes, le Prince de Conti sonna l’hallali du système de Law. C’est aujourd’hui la Chine qui porte les armoiries de Conti, en sa qualité de premier créancier de Ben Law-Bernanke. On ne devrait pas tarder à connaître ses intentions…

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Purée Quincampoix

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