Forbes, arbitre des (...)

Forbes, arbitre des élégances

L’activisme des Américains est formidable. Ils ont bâti un modèle économique susceptible de diffuser l’american way of life sur toute la planète et usent de tous les moyens, pacifiques ou guerriers, pour l’imposer. Il ne saurait en effet exister de système plus performant que le leur, adossé à la démocratie la plus exemplaire, celle où le plus riche gagne les élections. La prospérité d’un pays se mesurant à la quantité de dollars qu’il manipule, c’est encore l’Oncle Sam qui mène la danse, puisque c’est lui qui fabrique le billet vert. Quiconque en manque doit s’adresser, directement ou indirectement, aux banques américaines qui concocteront un contrat de prêt sophistiqué et léonin, qui ficèlera l’emprunteur et ses descendants pour l’éternité. Et ce sont les agences de notation américaines qui délivreront un label de virginité aux malandrins de la finance qui dépouillent sans vergogne leurs contemporains. Les USA font tout pour nous : l’argent, la justice, la police et la morale.

L’Amérique adore les compétitions et donc les classements. Elle a sans doute été honorée que le Nobel de la Paix fût, voilà deux ans, attribué à son Président. Qui depuis lors n’a pas démérité de sa distinction… Et le célèbre magazine Forbes nous gratifie, à intervalles réguliers, de différents palmarès : celui des fortunes mondiales, d’abord, qui témoigne de l’excellence de leur modèle. Et aussi celui des « hommes les plus puissants du monde ». Le champion de l’année dernière était Obama, qui pourtant ne peut plus aujourd’hui aller aux toilettes sans demander la permission à ses opposants. Il est détrôné cette année par Hu Jintao, le Président chinois, sur des arguments qui laissent pantois : outre le fait de diriger la deuxième économie du monde, « il exerce un contrôle quasi-dictatorial sur 1,3 milliard de personnes » et, plus fort encore « refuse de se soumettre aux pressions américaines pour modifier son taux de change ». Un tel profil emporte l’admiration du jury de Forbes, bluffé par l’autorité dictatoriale de Pékin et son insolence à l’égard de la prééminence yankee. Le tout couplé à une puissance économique et militaire de bon aloi. Sans cette dernière, Hu Jintao aurait sans doute mérité le bonnet d’âne de Forbes. Et les foudres du Pentagone.

La recette du jour

Restaurant à la Forbes

Vous voulez être reconnu pour vos talents de cuisinier sur la planète entière. Faites crédit à vos clients américains : ils ne pourront plus déjeuner ailleurs. Imposez alors votre menu et faites-vous étoiler par le magazine Forbes : vous serez une star. Jusqu’à l’année prochaine.

deconnecte