Hourvari à Bercy

Hourvari à Bercy

Quand il publie l’état d’exécution de son budget, n’importe quel gouvernement doit maintenant se montrer prudent et vigilant. Car les « marchés » se tiennent en embuscade pour surveiller le moindre dérapage par rapport aux prévisions, et saisir l’opportunité de massacrer un peu plus les cours de la dette du pays. C’est que la saison de la chasse est ouverte depuis pas mal de temps sur les places financières. Après s’être échauffés sur la volaille avec des résultats remarquables, les équipages de spéculateurs se tiennent prêts désormais à tirer le gros gibier. A Madrid, les autorités retiennent leur souffle au fond de leur tanière et ne laissent filtrer l’information que par porte-paroles interposés, trop tendres pour être tirés. A Paris, Bercy vient de faire un hourvari en annonçant les résultats à fin octobre, conformes, à quelques trépignements près, à la piste qui avait été tracée depuis le début de l’année. Pas de mauvaise surprise, donc. Ni de bonne, convenons-en.

De ce fait, la meute restera en alerte tant qu’elle ne soupçonnera pas l’animal d’avoir foui sa comptabilité pour enterrer quelques déficits surnuméraires loin de son nez. En attendant, on découvre que notre balance commerciale d’octobre penche moins dans le rouge. C’est que grâce aux grèves à répétition et au blocage des terminaux pétroliers, les importations d’hydrocarbures ont nettement diminué. Voilà donc un moyen efficace d’économiser nos deniers vis-à-vis de l’étranger : moyennant quelques provocations bien appuyées, le gouvernement pourrait paralyser le pays quelques jours par mois, jusqu’à ce que notre balance réduise sa gîte. Avec l’aide inopinée de la météo, qui a osé enneiger le microclimat parisien ordinairement exempt des embarras provinciaux – mais que font les pouvoirs publics ? –, et ainsi paralyser la circulation en Ile de France, il est permis d’espérer que notre balance sera bientôt équilibrée. Les veneurs rentreront ainsi bredouilles de leur expédition sur le marché français. Au moins jusqu’à la fin de l’année…

La recette du jour

Ruses de décavé

Vos créanciers ont lâché sur votre piste leur meute d’huissiers. Donnez le change en essayant de les semer. Puis revenez sur vos voies pour les dérouter. Si cela ne suffit pas, tentez de forlonger en installant votre tanière dans votre chalet de Gstaad. Là-bas, vous serez en sécurité.

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