La City va-t-en-guerre

La City va-t-en-guerre

Décidément, on ne fera jamais la paix avec les Anglais. L’ennui, pour nous, c’est qu’ils ont la plupart du temps démontré leur supériorité dans l’usage des meilleurs arguments guerriers du moment. La flotte de Nelson conduisit à Trafalgar ; l’armée terrestre de Wellington à Waterloo. Des hauts faits sacralisés par l’orgueilleux Square de Westminster et la moderne gare ferroviaire, qui rappellent au touriste français ces douloureux souvenirs. Aucun lieu, à notre connaissance, ne vient célébrer la combustion de la Pucelle, qui marqua en son temps la supériorité du dispositif juridico-religieux anglais sur son homologue français archaïque. Et aujourd’hui, quelle est l’arme la plus puissante de la planète ? Mais non, pas la bombe nucléaire, qui est devenue un tromblon démodé. L’instrument de puissance le plus performant du moment, c’est la finance. Et la City dispose de divisions bien plus nombreuses que le Palais Brongniart.

En foi de quoi les traders londoniens promettent-ils de se mobiliser bientôt. « Il ne faudra pas longtemps avant que les investisseurs se tournent vers la France, quand ils en auront terminé avec le Portugal et l’Espagne » déclare le patron du London Stock Exchange dans les colonnes de l’Independant. Tout en étant dépourvus de lettres de créance, les marchés s’autorisent l’attaque de la dette de telle ou telle nation, avec la puissance de feu d’un contre-torpilleur qui leur garantit un succès aussi éclatant que celui de Nelson ou de Wellington. Ils ont avec eux le « bon droit » des temps présents : tout pays qui affiche des déficits excessifs doit être puni pour hérésie. Car il n’est pire crime que celui de ne pas rembourser les créanciers. Le système financier en sait quelque chose, lui qui a été sauvé de la ruine grâce à la générosité… des Etats. Avec l’assidue contribution de Dame Lagarde qui pourrait, pour l’occasion, découvrir qu’en matière d’argent, la reconnaissance du ventre n’existe pas.

La recette du jour

Banquet Raminagrobis

Vos opérations insensées vous ont conduit sur la paille. Implorez la charité auprès des gouvernements, au motif que votre inanition pourrait entraîner la leur. Composez le menu et gavez-vous à leur table. Quand il n’y aura plus rien à boulotter, passez vos hôtes à la casserole : ils l’ont bien mérité.

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